17 février 2008
La suite de notre route sur la Carretera Australe vient dachever notre
deuxième défi avec Hachille. Encore aujourdhui, après quelques jours de
repos, nous repensons à ces pistes caillouteuses cahotiques, ces côtes parfois
si rudes, ces bruits insolites au sein-même de notre camion qui apportent ces
moments de doute quant à la réussite de notre entreprise, mais aussi à ces
décors incroyables. Pas de doute, Carretera Australe, tu es et resteras
inoubliable !
Olé !
Il y a les férias, les corridas, et puis
les rodéos !
Chaque année, dans la région de Coihaique, se déroule une semaine de la
tradition pour laquelle les habitants organisent des jeux, concerts,
bals, ou encore des concours de cavaliers sur vaches ou chevaux. Grâce à une
affiche aperçue en ville, nous avons pu nous rendre dans lun des lieux
de fêtes, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Coihaique, dans le
secteur dit : Séïs lagunas. A notre arrivée, les vapeurs de
cerveza (bière) sont encore bien présentes de la veille et les yeux des
organisateurs parlent deux-mêmes.
Nous comprenons rapidement que lhoraire du début de la fête va sans
doute être un peu décalé. Pas grave, nous prenons le temps de nous imprégner
du
lieu.
Lattente durera quatre heures avant de voir arriver les premières
vachettes dans larène et les tentatives des cavaliers, habillés pour la
plupart comme de vrais gauchos, pour rester sur leurs
montures.
Un spectacle on ne peut plus local dont nos images relatent lambiance
de
cette longue et sympathique journée
Traversée de villages pionniers
Nous laissons derrière nous Coihaique pour nous diriger vers Puyhuapi,
soit 200km de route plus au nord. Litinéraire est possible dans la
mesure où les cent premiers kilomètres sont asphaltés. En chemin, nous
traversons cette fois des forêts de bambous, fougères, lengas, alerce (mélèzes
andins) et autres plantes.
La pluie abondante fait ressortir le vert des feuillages. Nous sommes dans le
parc national Queulat.
Celui-ci abrite, derrière cette végétation luxuriante, des rivières, montagnes
et glaciers dont le Ventisquero Colgante (Glacier suspendu) aperçu brièvement
avant dêtre de nouveau avalé par la brume.
Nous adorons cette ambiance malgré la difficulté des pistes, glissantes et
boueuses. A mi-chemin, la route est réduite, ne laissant le passage quà
un véhicule. Des travaux sont toujours en cours sur la Carretera pour tracer
un
vrai chemin.
La route propre nest pas pour demain mais ce qui a
dores et déjà été réalisé, qualifions-le de titanesque,
nous permet de goûter à cette aventure quest la Carretera.
En fin de journée, nous arrivons au village de Puyhuapi, fondé dans les années
30 par un couple dAllemands, amoureux de la région. Les
enseignes
ont dailleurs gardé leur consonances allemandes tout autant
que
larchitecture des maisons.
Beaucoup sont abandonnées mais gardent ce petit quelque chose qui confère au
village un charme fou.
Même la pluie na pas réussi à changer notre regard. Nous installons
Hachille entre deux hangars, à côté du lac et nous endormons en rêvant à ces
pionniers, venus sinstaller au milieu dune nature si abondante
et
merveilleuse mais peut-être hostile à certains égards
Fin détape, sans encombre
Au réveil, nous sommes encore fatigués des kilomètres parcourus la
veille.
La pluie est toujours de la partie, la végétation le long de la route
toujours
aussi dense et les pistes inchangées. Hachille tient fermement sa
moyenne de
15km/h sur la pénible tôle ondulée. Après une centaine de
kilomètres, nous
décidons de faire étape à Puerto Cardenas, au bord du lac
Yelcho, renommé pour
ses truites et saumons pouvant peser jusquà
dix-sept kilos ! Trop humide
pour sinstaller au bord du lac, nous
demandons à quelques habitants de
loger dans leur jardin. Peine perdue.
Ceux-ci nous indiquent un camping plus
loin, inaccessible pour Hachille au vu
de létat du chemin. Finalement,
nous passerons la nuit dans un champ
privé, abrité du vent.
Trois jours de route et quatre cents kilomètres plus tard, nous arrivons à
Chaïten, petite ville de 4000 habitants. Un peu triste à notre goût, elle est
pour nous une étape obligée dans la suite de notre périple. Sans sy
attarder davantage, nous montons notre bivouac à quelques kilomètres, au
camping Las Arrayanas qui semble lui aussi sêtre endormi
un jour.
Peu importe, Hachille et ses occupants se régalent de lambiance
sauvage,
au bord de la plage de galets, les vagues du Pacifique déferlant en
continu.
Des dauphins et des phoques viennent aussi jouer dans la baie. A quelques
mètres de notre bivouac, un sentier mène à des cabanes où des pêcheurs élevent
des saumons destinés à lexportation. Nous nous baladerons ainsi pendant
plus dune heure au milieu de cette jungle, prémice de notre visite au
parc Pumalin.
Dun point de vue géographique, la Carretera étend son tracé
jusquà Puerto Montt, soit 300km encore plus au nord. Pour nous, notre
stylo sur la carte sest arrêté à Chaïten même si nous allons encore
rouler quelques kilomètres sur la Carretera, le temps de visiter le parc
naturel Pumalin... avant de bifurquer plein ouest, par la mer, pour rejoindre
La Isla Grande de Chiloé
mais ça cest encore une autre
histoire