11 avril 2006
Sous les palmiers
Dans cette vallée du Dadès, nombreuses sont les gorges comme celles du
Todgha qui constitue un des points darrêt de notre voyage. Mais avant
dy arriver, nous nous arrêtons à Tineghir, une ville réputée pour son
immense palmeraie qui sétend jusquaux contreforts de
lAtlas. Une énorme tâche verte de plus de 35 kms de long aux portes du
désert !
Sur la route qui mène aux gorges du Todgha, une sorte de vaste plate-forme a
été aménagée pour offrir aux visiteurs un large panorama sur cette grande
palmeraie. Mais le soleil tape dur, nous cherchons alors un endroit ombragé et
un peu plus au calme que ce promontoire bardé de cars de touristes et de faux
guides, gamins, et chameaux, prêts à vous faire visiter lendroit
pour quelques dirhams et prêts aussi à vous vendre un bibelot, souvenir
inoubliable de votre passage à Tineghir !
Nous empruntons la route qui mène aux gorges
ce sont plus de 15 kms de
route asphaltée mais étroite où chaque montée et chaque virage font rugir
Hachille. Mais il a, ne loublions pas, franchi le col du Tichka, alors
ne doutons pas de lui !
Nous nous arrêtons à mi-chemin sur un site ombragé, aux pieds de la
palmeraie.
Le temps douvrir le store, et de déployer notre campement, qui à force
dhabitudes, ne nous prend plus quune petite demi-
heure,
nous filons nous rafraîchir à lintérieur de la palmeraie.
Encore trop chaud. Tant pis, la visite sera pour demain matin. Il est
dailleurs conseillé de la visiter très tôt ou très tard dans la
journée.
Nous revenons donc à lombre de nos palmiers dadoption
où quelques
odeurs nous chatouillent les narines. Le patron dune
gargotte tout
proche cuisine ! Il nous propose des petits plats berbères. Nous
optons pour
une commande de brochettes qui viendront compléter notre salade
(plutôt niçoise
!) sans oublier lapéro composé lui dun certain
breuvage
anisé
et de quelques olives ! Ah ces français
!!!
Disons
quil ny a pas de mal à se faire plaisir ! Vous
nêtes pas
daccord ?
Si certainement !
Merci
!
Le lendemain matin, à 6H00, nous franchissons le petit oued à laide
dune poutre, celle-ci relie notre campement à la palmeraie.
Latmosphère y est fabuleuse. Nous découvrons, à la fraîche, cet endroit
magique où les femmes travaillent dans les champs et les vergers.
La palmeraie, irriguée par loued Todgha, est un petit bijou technique.
Les canaux dirrigation appelés « Khetarra » longent les champs, et
assurent larrosage des parcelles sans quaucune goutte
deau
ne se perde. Ce système utilisé depuis lantiquité,
dabord par les
perses, puis les berbères, forme un labyrinthe de petits
canaux. Il suffit de
dévier le cours de ces petits ruisseaux pour choisir
dirriguer telle ou
telle parcelle cultivée. Tout est recyclé ! Une
belle leçon décologie
!
La palmeraie recelle des trésors naturels dont ces grands palmiers-dattiers
font partie. Pollénisé et élagué par les hommes, le palmier est un arbre
intéressant dailleurs.
Il vit pour les autres mais aussi pour lui même ! Oui oui !
Il
fait de lombre, produit des dattes (vous en mangez deux ou trois,
ça
nourrit sans nul doute son homme pour quelques heures) et sa coque qui le
protège des agressions extérieures, lui permet de garder leau
emmagasinée par les racines dans les profondeurs de la terre ; voilà pourquoi
il peut pousser, parfois en solitaire, dans le sable.
La ballade nous enchante, vous laurez compris
et à plus
dun titre. On peut se promener dans la palmeraie pendant des heures, la
quiètude de lendroit, les fleurs et autres plantes, les champs, et les
gens constituent une curiosité sans fin.
Des champs à perte de vue, des palmiers qui se ressemblent tous, difficile de
ne pas se perdre ! Lancien village Aït El- Haj Ali nous sert de repère.
Cest lancien village juif, construit tout en pisé, et déserté
depuis belle lurette car les musulmans ne peuvent lhabiter.
Dommage que toutes ces beautés architecturales
marocaines
sont rarement entretenues ou restaurées. La faute aux querelles
politiques ou
religieuses qui existent depuis des siècles. Dommage ! Mais
peut- être est- ce
dû la encore à notre sentiment très français qui porte sur
la conservation du
patrimoine
Allons bon, stop aux réflexions philosophiques du moment. Il est temps
davancer nos pérégrinations touristiques. Nous partons pour les gorges
du Todhga, situées plus en amont de la palmeraie.
Là encore, réputées comme étant les plus belles du sud marocain, nous sommes
séduits mais tout de même un peu échaudés quant au flot incessant de cars et
voitures. Cest le week- end et malheureusement le mauvais moment pour
sarrêter dans les gorges qui sont littéralement envahies à
lentrée par les voitures des habitants et des touristes qui oublient
parfois dapprécier le paysage sans faire de bruit ! Et puis bien sûr,
qui dit touristes, dit vendeurs ou faux- guides prêts à vous suivre sur des
kilomètres et à vous répéter que sans eux, on ne peut rien
faire
dautant que chacun fait un bon prix, un prix dami
pour la visite ! Bouh ! Insupportable ! Même les bergers nomades envoient à
présent leurs enfants mendier 1 ou 2 dirhams, ou quémander des cadeaux du
genre
stylo. Si vous refusez, ils deviennent assez impolis. Encore dommage !
quoique
nous avons trouvé la formule
»donne moi un dirham et
je te
donnerai un dirham « Les enfants sont un peu déroutés et au final, ne
restent
pas bien longtemps !
Nous arrivons enfin à nous échapper de la masse en prenant la route qui mène,
après une dizaine de kilomètres, à un petit village baptisé Tamtattouche. Le
chemin, pratiquement goudronné maintenant, est magnifique. Les gorges,
véritable paradis pour les amateurs descalade, offre une perspective de
vue très impressionnante. Les deux parois de la falaise atteignent des
hauteurs
vertigineuses qui, quand on lève les yeux, ne laissent que très peu
de ciel
apparaître. Mais au-fur-et-à mesure de notre avancée, le canyon
sélargit
et la claustrophobie disparaît
laissant apparaître au
bout de 17
kilomètres : Tamtattouche, un village situé sur la route du Haut
Atlas qui
conduit à Imilchil (célèbre pour son moussem des mariés).
Hormis les quelques campings et hôtels ouverts à la va- vite depuis le
goudronnement de la route, lendroit est encore paisible. Les gens sont
souriants et accueillants et pas encore tout à fait dévorés par
lhystérie collective que procure la manne touristique.
Dailleurs,
ils nauraient pas le temps. Leurs travaux agricoles
sont trop nombreux
.
Sur cette note buccolique sur fonds peut- être de réflexion, nous refermons
pour aujourdhui notre livre de bord et vous donnons rendez-vous très
bientôt pour la suite du périple à bord de notre Citroën HY.
Nous partons demain rejoindre Erfoud et Rissani, en sarrêtant toutefois
dans une Oasis un peu particulière
Non ce nest pas un mirage
!..Quoique le Sahara approche à grand pas !
A bientôt