07 avril 2006
Tizi-N-Tichka…T’y crois…ou t’y crois pas…Inch’Allah !
Partis faire nos dernières emplettes dans le souk de Marrackech avant de prendre la route vers le sud, nous sommes interpelés par Majid, herboriste de son état. Une chouette rencontre que nous vous invitons à partager dans la partie audio de ce carnet.
Mais il est temps de poursuivre notre voyage avec Hachille, direction le sud marocain, et plus précisément : Ouarzazate. Mais pour y arriver, il nous faut franchir une route de montagne sur 198 Km qui, a priori n’oppose aucune difficulté particulière, mais qui au vu des conditions météorologiques du jour et de la succession de virages, peut présenter quelques risques !!!… Espérons qu’Hachille ne fasse pas de caprice !
La route menant à Ouarzazate est traversée par le col routier le plus haut du Maroc (2300 M), le col du Tizi-N-Tichka. L’ascension est un véritable parcours de force avec, pendant 80 KM, une pluie battante et un vent à décorner un dromadaire ! (mais oui le dromadaire à corne est bien connu par ici !). Avouons- le, pendant le périple, nous sommes un peu stressés et surtout pressés d’arriver en haut !
Géraldine tente l’experience du double débrayage en montée …eh oui, Yann doit filmer l’épopée pour que vous puissiez vivre l’aventure également…Pour ceux qui connaissent (ou pas) le HY, rappelons simplement que la boîte de vitesse n’est absolument pas synchronisée et le passage de la première se transforme à chaque fois en challenge!!! De quoi attraper de gros bras !…Et quelques suées…surtout quand la boîte chauffe…d’un autre côté, elle fait office de chauffage !
Arrivée à mi-chemin de la traversée, Hachille souffle de plus en plus, le moteur rugit plus fort que d’habitude, les aiguilles de pression d’huile et température moteur augmentent dangereusement, et la vitesse de pointe se situe entre 10 et 15 Km/H, au grand damne des véhicules plus modernes nous suivant !!! C’est à ce moment–là que nous nous sommes dit: le Tichka se mérite ! Allez Hachille ! Mais allons- nous enfin voir le bout du nez de ce fameux col ?…
Oui ! Nous l’avons fait…et pas peu fiers de notre expédition même si certains peuvent penser qu’il ne s’agit pas là d’un exploit…pour nous, cela ressemble à une belle victoire emportée au volant d’un Citroën datant de 1969. Merci Hachille !
Pour ton premier baptême en montagne tu as réussi comme un chef !
Pardon pour les bouchons occasionnés et dommage pour le temps ! La vue si splendide du Haut Atlas et de ses vallées ne nous est pas offerte , la météo pluvieuse, venteuse et grêleuse ne le permet pas ! Mais nous avons déjà eu notre récompense !!! Et au risque de paraître rabat- joie, avoir franchi le Tichka à bord de notre Citroën HY reste pour nous une satisfaction pleine et entière !!!
Bref, on ne s’attarde donc pas au sommet. Il reste encore plus de 70 KM à parcourir avant d’arriver à Ouarzazate en sachant qu’une pause ‘s’impose’ à Aït Benhaddou, un village situé à 30 Km de Ouarzazate, connu pour sa fameuse forteresse classée depuis quelques années au patrimoine mondial de l’Unesco.
La descente se fait tout en douceur car si la montée s’est révelée quelque peu délicate, les routes sinueuses, pas toujours en très bon état et bardées de nids de poule, nous donnent quelques sensations stressantes aussi ! Eh oui, les freins ne sont plus tout jeunes et le risque de casser une suspension n’est pas à exclure. Mais là aussi, c’était douter d’Hachille qui sans embage nous conduit à Aït Benhaddou.
Devant ce chef d’œuvre de construction, la visite est obligatoire.
Ce sont d’ailleurs des flots entiers de cars de touristes qui se déversent chaque jour pour aller à la rencontre de ce monument…Nous ne manquons pas de suivre le mouvement mais pour être sûr d’admirer le Ksour tranquillement, nous décidons de remettre la visite au lendemain matin. Nous reprenons donc la route en direction de Tamdaght, situé 6 Km après Aït Benhaddou. Ce village, traversé par un oued, nous offre un paysage magnifique au milieu duquel, une vieille Kasbah et quelques maisons sont regroupées. C’est là, sur un coin de terrain, juste à côté d’une chambre d’hôte tenue par des français, que nous passons la nuit. Mais avant un bon repos, et après installation du campement (sortie du tuyau d’eau, de la table et des chaises, avancée des sièges pour construire le lit,…), l’envie de se détendre et de déguster un bon plat marocain se fait sentir…Comme nous n’avons pas encore le matériel necessaire pour le réaliser (genre plat à tajine), et puis un peu fatigués de la route (disons- le!), nous goûtons aux charmes de la Kasbah Ellouze, cette maison d’hôte à côté de laquelle nous nous sommes installés. Au menu, réalisé par deux cuisinières berbères du village : Couscous. Va pour celui- ci…
Le lendemain matin, de bonne heure, nous partons visiter Aït Benhaddou.
Même si les pluies abîment chaque année un peu plus cette forteresse (Ksour), les remparts et les maisons ne se sont pas suffisamment effrités pour masquer la beauté de ce monument. Petite info, de nombreux films ont été tournés ici comme par exemple une partie de « Gladiateur » ou encore, c’est à l’entrée que l’on peut apercevoir les portes ajoutées pour le tournage du ‘Diamant du Nil’.
A l’intérieur de la forteresse, le village offre une succession de dédales de ruelles et de passages étroits vides.
La majorité des maisons en ruine sont inhabitées, la population s’est installée dans le nouveau village faisant face au ksour.
Au final, après de multiples montées, nous sommes arrivés tout en haut de l’édifice où subsiste encore un grenier destiné, à l’époque, à la conservation des fourrages et autres denrées alimentaires et construit bien sûr en hauteur pour les préserver des crues.
Pas de regret concernant cette visite touristique matinale, d’autant qu’arrivés à mi-matinée, la chaleur se fait sentir. Mais le paysage du Haut Atlas a repris, sous le soleil, ses couleurs printanières teintées de rouge,…et de vert pour ce qui concerne les plantations alentours.
Il est 10H00 quand nous décidons de reprendre la route pour rejoindre cette fois Ouarzazate.
Passage obligé pour rejoindre le sud marocain fait de nombreuses palmeraies, et situé entre les vallées du Drââ et du Dadès, nous nous retrouvons dans cette ancienne ville de garnison devenue aujourd’hui une ville touristique au charme mitigé. Certes, on peut flâner un peu dans la ville en allant voir la Kasbah de Taourirt, ancienne résidence du pacha de Marrakech, et reliée à de vieilles ruelles ressemblant à un labyrinthe géant en terre, mais notre arrêt a pour but de faire le plein de nos réserves d’essence et eau avant de repartir plus longuement sur les routes du sud . Nous nous installons donc dans un camping rempli de français venus pour la plupart passés l’hiver ici.
Armés de leur campings- car flambant neufs revêtus de leurs armures blanches en plastique moderne, nos compatriotes ont tout de même un petit coup de nostalgie en voyant le HY… La plupart d’entre eux ont bien connu le véhicule...pour l’un, il s’en servait comme bétaillère, pour l’autre, c’était sa première voiture destinée à livrer des clients, ou encore le père en possédait un,…Mais quel est ce couple un peu fou pour oser rouler avec un engin ‘datant de la guerre ’? Les discussions se succèdent à un rythme effrené, et c’est non sans peine, que nous répondons à leurs questions, contents toutefois de voir qu’Hachille a de la gueule et au-delà de ce critère, crée du lien !
Cette pause de deux jours à Ouarzazate permet donc de faire le plein de nos réserves et permet aussi à Yann de vérifier le moteur, faire les niveaux et surtout d’étaler tous ses outils et démonter quelques pièces. Revêtu de son bleu de travail , et les mains pleines de camboui, il a l’air d’un véritable professionnel de la mécanique; ce qui ne manquent pas d’attirer quelques uns de nos voisins…
L’un aimerait bien donner un coup de main, l’autre veut savoir quelle est la panne, un autre lui emprunte une clé et un bout de tuyau pour réparer un filtre de son camping- car,…bref, convivialité et rencontres ne manquent pas durant ces 48 heures passées ! On en profite pour saluer Hervé, un passionné de Citroën qui, avec deux autres camarades, s’offrent un séjour marocain au volant de sa 2CV. Il dort même dans sa dodoche et est fier lui aussi de parcourir le Haut Altlas et le désert à bord de sa voiture, qui passe par bien des endroits où les véhicules high- tech et les campings- cars ne peuvent aller !
Le séjour à Ouarzazate touche à sa fin, demain, un autre parcours nous attend…la vallée du Dadès. Une vallée où montagnes, oueds et palmeraies se cotoient…Mais avant de l’atteindre, il nous faut traverser un gros village, célèbre dans le monde entier grâce à sa culture qui, appréciée ou pas, répand sans nul doute un arôme délicat…pour lequel nombre d’amoureux s’en délectent !…