05 novembre 2007
Nous en avions entendu tellement parlé de cette péninsule Valdès. Nous y
sommes! Elle est pour nous une étape marquante dans notre périple au long
cours. Et elle représente, pour le moment, nos premiers frissons en terre
patagone. Frissons pour les températures qui nous font apprécier nos vêtements
chauds. Frissons pour ces paysages désertiques où les animaux sauvages,
impossibles à rencontrer sous nos latitudes, se partagent le territoire. Ce
séjour sur la péninsule Valdès est une expérience à vivre...et nous allons
essayer de la partager avec vous.
Bienvenue à Valdès
Après deux jours passés au camping de Puerto Madryn, nous prenons la
route
pour la péninsule et sa seule agglomération: Puerto Piramides.
Un peu plus de deux cents âmes dans ce petit village du bout du monde. Une
seule rue, quelques agences qui organisent des sorties en mer, un ou deux
restaurants, une poste, quelques magasins d'alimentation, Puerto Piramides est
la "capitale" de la péninsule dont le tour complet fait tout de même 400
kilomètres. Objectif de ces jours prochains : Bivouac et découverte de la
faune
marine...
Dessine moi un mouton
Pour l'anecdote, St Exupéry s'inspira de la forme de l'île pour dessiner
le boa dévorant l'éléphant dans Le Petit Prince. Et puisque nous évoquons le
livre, parlons alors des moutons très nombreux ici et en liberté
complète.
Sur la route, à 4 kilomètres de Puerto Piramidès, un panneau indique l'entrée
d'une estancia "La Avela" avec pour inscription "la meilleure laine du monde".
Nous rencontrons Alejandro Ferro qui, devant nos questions, nous fait faire le
tour du propriétaire.
L'histoire de sa famille sur la péninsule remonte à 1880 avec son arrière-
grand-père qui, venu d'Italie, débuta sa vie ici dans l'exploitation des
salines. Vingt ans plus tard, avec d'autres immigrants, il se voit offrir
presque la moitié des terres qu'il utilise alors pour élever des moutons. Il
crée aussi Puerto Piramides en construisant un petit port. Aujourd'hui, la
famille est toujours propriétaire de la moitié nord de la péninsule avec 40
000
ovins. Elevés pour leur laine, celle-ci est ensuite vendue en
Europe.
Alejandro nous explique que la vie change beaucoup sur la péninsule à cause
du
tourisme. A ce titre, il souhaite développer l'estancia pour accueillir
les
gens.
Après la visite de la bergerie où quelques moutons sont chouchoutés pour un
prochain concours, il nous montre sa maison où son père collectionne les os,
pierres et autres objets, signe d'une occupation indienne il y a fort
longtemps...Un musée est en projet tout comme le reste d'ailleurs. Alejandro
est fier de nous montrer les souvenirs familiaux comme par exemple des photos
de Lady Di, aux côtés de sa maman, venue chez eux lors de son passage sur la
péninsule en 1995. Nous quittons Alejandro en début de soirée, surs que dans
quelques années, son estancia sera l'objet de nombreuses visites...Suerte
Alejandro et merci!
Vamos a la playa...
A un peu plus de 25km de Piramidès, se trouve une plage: la Pardelas.
Nous
avons décidé d'y passer plusieurs jours en totale autonomie pour aller
voir les
baleines de plus près! Après quelques stress liés à la route où tôle
ondulée et
sable font bon ménage, nous arrivons à la plage. Quelques
campings-cars, 4x4 et
camions y sont déjà.
Hachille a fier allure même si sa taille semble bien réduite aux côtés de ces
monstres du désert appartenant en grande majorité à des suisses-allemands et
allemands!
Nous retrouvons Petra et Helmut, un couple d'allemands en Combi VW qui vit au
Chili depuis 8 ans. Puis Karin et Coen, hollandais, en voyage depuis mai 2003
autour du monde avec leur vieux Toyota LandCuiser de 1984.
Les échanges vont bon train. Pause café, déjeuner, dîner, les moments de
discussion ne se comptent plus!
Nous profitons de chaque instant passé sur cette plage. Par un tôt matin,
nous
partons découvrir les baleines dans le secret espoir d'en voir bien sûr!
La mer
est calme, le soleil magnifique... et une dizaine de baleines sont au
rendez-
vous!
A cette époque de l'année, ce sont surtout les femelles et leurs baleineaux.
Elles restent dans le golfe jusqu'en décembre pour élever leurs "petits" (tout
est relatif vu la bête!) et migrent ensuite vers les Faulklands pour trouver
d'autres nourritures. Nous avons pu les voir à moins de vingt mètres, un
moment
magique! Mais tous les matins ne sont pas ainsi. Il y en a où le vent
soufflant
à plus de 100km/h, nous obligeant ainsi à rester à l'abri.
Bravant les éléments, nous avons quand même tenté quelques sorties. Le
spectacle est autre mais tout aussi grand avec une mer déchaînée.
Punto Norte
C'est justement par un de ces matins où le vent violent nous fait
difficilement tenir debouts que nous décidons de pousser plus loin la visite
de
la péninsule. Après 70km de piste rocailleuse, avec un Hachille haletant
contre
le vent, des vitres collantes de sel et de sable, de la poussière
s'infiltrant
partout, nous arrivons à Punto Norte. C'est sur cette plage que
les phoques,
lions et éléphants de mer ont élu domicile pendant quelques mois
pour se
reproduire.
Une barrière sépare les visiteurs et les animaux pour ne pas les déranger
mais
nous pouvons tout de même les approcher de très près. Pour ceux qui ont
grandi, comme nous, avec le dessin animé "Bibi phoque", ses cousins de Valdès
sont moins actifs!
En milieu d'après-midi, chacun lézarde à sa façon. Quelques lions prennent un
bain de mer tandis que la majorité des bébés phoques se prélassent au soleil
ou
chahutent, pas toujours au goût de leurs mamans.
Seul un éléphant de mer trouve son occupation en s'accouplant. Au côté de la
femelle, celui ci apparaît gigantesque. Normal, monsieur pèse environ 3 tonnes
à contrario de sa dame qui n'en pèse qu'une. De plus, quand la femelle éléve
son petit, celui-ci prend 3,5kg par jour en un mois tandis qu'à l'inverse, sa
maman les perd chaque jour en un mois!
Pour nous, tout est nouveau. Tout est spectacle. Impossible pourtant de passer
la nuit à Punto Norte. C'est interdit. Nous reprenons donc la route en
direction de notre petit coin de paradis, la Pardelas.
Après quatre jours passés sur la péninsule, nous prenons le temps, un matin
ensoleillé, de coucher sur papier nos impressions.
Grâce à notre système de communication par satellite, nous pouvons ainsi vous
envoyer de nos nouvelles depuis la plage de la Pardelas. Au large, deux
baleines... Demain, une sortie en mer est prêvue pour les approcher d'encore
plus près mais ça, c'est encore une autre histoire...