Sur les chemins du monde
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Kuala Lumpur
Etape 4 | Retrouvailles
20 novembre 2008
A chaque coin de rue ou de route, les yeux s’écarquillent et les rires fusent à la vue de notre cochon. Curieusement, les questions d’un continent à l’autre restent les mêmes! “D’où êtes-vous? Quel modèle est-ce? Etc..." Une fois l’inspection effectuée et les curiosités satisfaites, s’ensuit un chaleureux: “Welcome to Malaysia! ”. A notre tour de sourire mais aussi de s’enorgueillir, il faut bien l’avouer!
Dans le port de Klang
A l’ouverture du conteneur, une forte odeur d’essence et de vieille huile se répand. L’agent maritime et les manutentionnaires prennent peur. Nous les rassurons, notre camion n’a pas de fuite mais respire le parfum de l’ancien!
Au vu de la chaleur, il a tout de même le droit de transpirer un peu! Tout comme Yann d’ailleurs qui, pour remettre les pneus et l’ensemble du matériel sur le toit, s’est vraiment liquéfié. Heureusement, nous avons bénéficié de l’aide de chacun présent sur le site.
Entre deux pauses d’observation et d’étonnement, tous ont donné un sacré coup de main! Voici en vidéo le résumé de la sortie de notre camion en terre asiatique!
A noter qu’Hachille a dû être bien secoué dans son containeur. Le store était par exemple sorti de ses attaches, l’ensemble des placards complètement retourné, et même le générateur ne démarrait plus! Le moteur, après diagnostic et réparation en ville, avait serré, certainement en raison d'un secouage intempestif. Tout est aujourd’hui rentré dans l’ordre. Nous pouvons partir en week-end et tester Sieur Hachille sur les routes. A l’inverse de l’Amérique du Sud, nous optons pour une conduite très matinale. Moteur et propriétaires profitent ainsi d’une certaine fraîcheur et évitent du même coup un risque de surchauffe!
Mais avant notre sortie de la capitale, nous effectuons des rangements et menus travaux sur le camion. Pour cela, nous nous installons dans le jardin annexe d’un magasin de sport, organisateur de multiples expéditions en 4X4 dans le monde et faisant aussi office d’accueil pour les voyageurs véhiculés!
Thomas, le propriétaire est surpris de la taille d’Hachille tout en notant bien qu’il ne s’agit là que d’une version “1X4”! Il nous quitte quelques minutes plus tard car un périple en Landcruiser au Pérou l’attend. Daphné, sa femme, nous invite à utiliser toilettes, douche, électricité et eau de jour comme de nuit. Nous pouvons même stocker le surplus d’affaires comme les pneus dans leur garage. Nous les récupèrerons en mars prochain. Un bivouac en pleine ville aux allures de grand luxe. Merci!
Echappées
Nous prenons la route un matin accompagnés d’un passager supplémentaire, notre ami canadien Martin (que nous baptisons affectueusement “le trappeur”). Direction le Selangor. L’Etat le plus riche, le plus urbanisé et le plus industrialisé du pays. Pour autant, on y trouve quantité de parcs et réserves naturelles. Nous nous sommes ainsi échappés, le temps d’un week-end, dans l’ancienne capitale royale, Kuala Selangor, aujourd’hui transformée en un kampung (village) tranquille. Situé à 75km au nord-ouest de KL, on vient ici pour y prendre un bol d’air grâce au Taman (parc) Alam, une grande réserve de zone humide.
La forêt épaisse s’y déploie de toutes parts. Les mangroves sont présentes partout. Au sein du parc, on peut trouver des loutres ou encore des chats léopards.
A l’entrée, des panneaux nous indiquent les espèces d’oiseaux recensés au nombre de 150.
Lors de notre promenade, nous avons le bonheur d’observer un pic-vert mais aussi quantité de macaques et semnopithèques, en quête de nourriture.
Autre espèce vivante rencontrée : des petriophtalmes, des poissons possédant un poumon! Cet organe leur permet ainsi de vivre moitié dans l’eau, moitié à l’air libre pour consommer crabes et crevettes tout au long de la journée.
Et des crabes, il y en a à foison! En les regardant de plus près, nous découvrons leur unique pince et leur couleur d’un bleu turquoise ou orange, étrange!
Au détour d’un chemin, quelle ne fut pas notre surprise d’apercevoir aussi des pancartes publicitaires de marque pétrolière ou cosmétique annonçant fièrement la plantation d’arbres.
Bonne conscience ou future utilisation à des fins industrielles? Nous vous laissons le soin d’y répondre…
Kelip kelip
A quelques kilomètres du parc, nous installons notre bivouac au bord du sugai Selangor, la rivière.
Denis, Nanou, Océance et Timothée sont aussi sur place. Nous partageons balades et repas ensemble une nouvelle fois durant deux jours.
Notre campement n’a pas été choisi au hasard. Sur le site, nous attendons patiemment la tombée du jour pour apercevoir celles que l’on désigne en malaisien: Kelip kelip… les lucioles!
Parés de lotion anti-moustiques, nous prenons un soir une barque en bois pour aller voir le spectacle de ces insectes au clignotement synchronisé.
Vous imaginez bien qu’aucune photo ne peut restituer cette ambiance. De toute façon, elles sont interdites pour ne pas les déranger. Cette promenade sur l’eau est un délice. La marée a fait monter le niveau de la rivière de plus de trois mètres. Pour autant, nous ne nous risquons pas à affleurer l’eau du bout de nos doigts, sait-on jamais dans le noir si le crocodile veille…
Pendant une demi-heure, l’embarcation glisse tranquillement sans un bruit alentour excepté celui des “kelip kelip” et des coups de pagaie. Nous nous laissons bercer, souriant face à ce spectacle lumineux. La concurrence des flashs est féroce d’un arbre à l’autre! La forêt ressemble à un gigantesque sapin de Noël. Incroyable! Nous quittons à regret ces lucioles pour retrouver le chemin de la terre ferme et rejoindre les bras de Morphée, un autre monde étoilé qui risque de beaucoup briller cette nuit-là!
Au réveil, Géraldine part à la recherche de Yann toujours aussi matinal! Elle le trouve coincé sous l’abri où Martin, dans son hamac, a passé la nuit.
La marée a de nouveau oeuvré, innondant les alentours. Le café est pourtant prêt. Il va falloir rejoindre Hachille.
De toute façon, au vu de la mousson, les pieds sont mouillés plusieurs fois par jour. L’exercice s’effectue comme un jeu d’enfant.
Grottes sacrées
Autre excursion avant de rejoindre Kuala Lumpur, les grottes de Batu. Situées à 13 km au nord de la capitale, ces immenses cavités découvertes il y a 120 ans par un américain servent aujourd’hui de temple aux fervents hindous.
Ce lieu connaît chaque année en février, une grande activité. Il s’agit du Thaipusam, une cérémonie où des milliers de pèlerins viennent expier leurs fautes à coup de jeûne, prières, et flagellations. A l’entrée, une gigantesque statue dorée représente le dieu Muruga, le fils de Shiva (créateur de l’univers), à qui le site est consacré. De part et d’autre, des temples et portes aux multiples divinités couleurs psychédéliques sont installés.
Une sorte de Lourdes version hindoue! Les vendeurs vous proposent le summum du souvenir kitsch. Une fois passés ces détails, nous grimpons les 272 marches pour accéder aux premières grottes.
Heureusement, nous sommes à la mi-matinée, évitant ainsi de grosses suées. Les singes, figés parfois comme de vraies statues, ont les yeux partout et ne ratent pas une miette du va-et-vient des visiteurs.
Ici, l’obole prend la forme de pain ou banane.
A l’intérieur, les temples et statues installés aux quatre coins semblent minuscules face aux formations rocheuses de formes bien diverses.
La visite vaut le détour même si le décor naturel est aujourd’hui pollué par quantité de déchets.
Come back
Retour à Kuala Lumpur pour quelques jours où nous laissons Martin s’envoler pour Kutching. Nous ne lui disons pas “adieu” mais “hasta luego”…Nous profitons de ce nouvel arrêt dans la capitale pour terminer d’autres travaux sur Hachille et découvrir encore et toujours la ville! Eh oui! Par exemple, la place de l’Indépendance (la Merdeka) que nous visitons cette fois de jour.
Une place où brille encore le faste de la splendeur coloniale anglaise. L’ensemble des bâtiments appartient au gouvernement mais est, depuis un an, totalement désert. Difficile de transformer le tout en hôtel, bar, voire restaurant, loi musulmane oblige. Derrière la place, nous visitons une très jolie mosquée, entourée d’un bosquet de palmiers : Masjid Jamek.
Sa date de construction remonte à 1908. Cent ans cette année, bigre!
Très bien conservés, ses dômes et minarets en brique rappellent l’influence britannique et s’inspire du style Moghol.
Cette visite de Kuala Lumpur n’en finit plus! Et pourtant, dans quelques jours, nous allons amorcer notre remontée vers le nord pour rejoindre la Thaïlande. Notre itinéraire devrait nous conduire dans les Cameron Highlands, une région de plantations de thé à presque 2000 m d’altitude, puis vers Ipoh, la cité dite “des bougainvillées”… Une autre histoire…
