08 août 2008
Les jours pourraient se suivre et se ressembler à bord du Grande San Paolo mais que nenni! Chaque heure passée apporte son lot de surprises faisant de cette traversée de multiples petits moments de bonheur! On en redemanderait presque!
Depuis notre départ du Brésil, l’Afrique de l’Ouest nous a ouvert ses portes, nous faisant ainsi passer de l’hémisphère sud à celui du nord. Entre les deux, il y a forcément l’équateur... 00°00”00 !
Orlando
31, c’est le nombre de membres d’équipage sur le cargo Grande San Paolo. 31 hommes aux origines différentes tout comme leurs fonctions. Au fil des jours, en partageant leur quotidien dans leur travail, nous partageons un peu de leur vie ou de leur état d’âme. Parmi ces membres, il y a Orlando, qui n’a d’italien que son nom!
Orlando a derrière lui 34 ans de service dans la marine marchande. Aujourd’hui, sa position hiérarchique lui attribue des fonctions particulières sur le bateau. Il s’en explique par le biais de notre vidéo…
Géant des mers
Un bateau de 212 mètres de longueur, c’est impressionnant certes mais c’est surtout beaucoup de travail pour l’équipage, qui, n’a de cesse de l’entretenir chaque jour.
Et il n’y a pas que le pont supérieur à récurer!
Le sel de la mer fait des ravages partout en un temps record et les machines sont parfois de mauvaise humeur.
Ces derniers jours, chacun a pris un pinceau et l’ensemble du bateau a été repeint.
Même la cuisine! Du vert, du bleu, du blanc ou du jaune, nos chaussures portent le souvenir de cette peinture à ciel ouvert.
A présent, le Grande San Paolo brille de tout son long au milieu d’une mer qui n’est pas, quand a elle, des plus scintillantes et ce depuis notre départ!
Si les extérieurs du bateau nous sont devenus familiers, tout comme le douzième étage (lieu où habitations, cuisine, salle de séjour et salle de sport sont réunis), le ventre de la bête nous apparaît encore inconnu. C’est Giuseppe, le chief mate, qui nous accompagne durant plusieurs heures dans cette ville flottante.
Après les explications des commandes du bateau au bridge, nous visitons l’infirmerie et la prison (pour les passagers clandestins).
Plus bas, c’est la salle des machines où les indiens ne semblent nullement dérangés par la chaleur qui s’éleve à plus 40°C. Un véritable four, qui plus est: bruyant!
Imaginez un instant ce navire de 50 000 tonnes propulsé à une moyenne de 30 km/h par un moteur surpuissant de 20 000 chevaux.
Ce sont plus de 70 tonnes de fuel qui sont nécessaires chaque jour au fonctionnement du moteur et de 6 groupes électrogènes délivrant 900 kW.
A la cave, ou plutôt dans les étages inférieurs du navire, il n’y a évident pas que le moteur. Climatisation, incinérateur de déchets, chauffe-eau géant, centrale d’incendie, la taille de ces appareils est à la taille du bateau, géants!
L’eau utilisée à bord provient directement de l’océan. Une fois déssalinisée, elle passe dans des filtres naturels de pierres et graviers... On se croirait presque dans les volcans d’Auvergne! Ce sont plus de 15 tonnes d’eau qui sont ainsi purifiées chaque jour. Tous ces équipements permettent d’avoir une autonomie complète de deux mois sans toucher un port, et tout cela avec le professionnalisme de cet équipage qui garde toujours le sourire.
Nous ne cesserons certainement jamais d’être impressionné par la taille et les capacités de celui qui nous aura abrité durant un mois.
Equateur pétillant
Nous avons quitté Rio de Janeiro le 26 juillet dernier et avons chaque matin vérifié sur notre GPS notre position et surtout à quelle heure et quel jour, nous allions franchir l’équateur. Cinq jours ont ainsi passé, entre activités sportives, lecture, triage de photos, etc…
Le 31 juillet, il est 17H45… nous passons enfin l’équateur.
Si l’évenement n’a en soi rien d’extraordinaire, il a pour nous une connotation symbolique. Mais c’est aussi et surtout l’occasion de boire le verre de l’amitié, même avec Phillipe, notre voisin allemand, qui ne boit jamais une goutte d’alcool et qui pour l’occasion, s’est prêté au jeu. Champagne argentin s’il vous plaît pour l’équateur!!!
On se serait cru un jour de l’an. Quand à la suite de la fête, la caïparina (breuvage brésilien) que nous a préparée Rocco, le chef cuistot, a laissé quelques traces le lendemain. Joli souvenir tout de même avec beaucoup de sourires et de rires!
Après le 31 juillet, comme chacun sait, il y a le 1er août! Oui et alors?...
Eh bien si la veille nous marquions le passage de l’équateur, le 1er août fut l’occasion de célébrer la fête nationale suisse, et donc sa création le 1er août 1291.
Nous n’avons pas encore troqué notre passeport français contre un helvétique mais, lors du dîner, Franziska et Erich (nos compagnons de traversée suisses allemands) ont ainsi sorti les cotillons aux couleurs du drapeau suisse.
Les fanions de chaque canton au nombre de 26 étaient eux aussi au rendez-vous sur le gâteau.
Un joli tour d’horizon de leur histoire! Il nous fallait bien partager un peu de leur patriotisme et parler de ce petit pays du fromage et du chocolat qui, comme Erich aime à le rappeler, serait beaucoup plus grand une fois les montagnes mises à plat. Le cliché est intact!
Ô Afrique
Nous avons accosté un dimanche matin dans la ville encore endormie.
Le corps déjà trempé de sueur à 7H00. Il fait chaud, et même très chaud! Mais qui aurait l’idée de visiter Dakar en août?... Deux français, tout droit débarqués d’un bateau climatisé et qui ont soif d’exotisme!!!!
Nous voilà ainsi partis à la découverte de Dakar. Etrange sensation que celle de lire et entendre le français partout. A peine sommes-nous sortis du port que déjà les vendeurs de pacotilles nous abordent.
“Comment ça va? Ça va bien?... Eh, vous me reconnaissez pas les jeunes mariés? On s’est vu à l’hôtel hier! Votre lune de miel se passe bien? Regarde ce que j’ai…pas cher! Moins cher pour toi! Bon prix pour vous car on est amis! etc”…
Parfums, bijoux en tout genre, cartes téléphoniques, déodorants,… pendant plus de deux heures, nous sommes suivis et harcelés malgré nos sourires de politesse mille fois répétés.
Ce sont aussi tous ces petits métiers qui nous retrouvons dans les rues.
Malgré le peu de temps encore une fois dont nous disposons pour visiter Dakar, nous réussissons à avoir un aperçu du centre avec ses bazars.
Sur la place principale, siège les ministères, la chambre de commerce, et l’hôtel de ville.
Les bâtiments aux architectures agréables sont pourtant rares. Partout, du peu que nous avons vu, ce ne sont que cahutes ou immeubles sans charme.
Au détour d’une rue, nous tombons nez à nez avec le marché Kérel, créé en 1885. A l’intérieur, l’odeur forte du poisson envahit les narines.
Circulaire dans sa forme, nous faisons le tour des étals où derrière les rangées de légumes et épices, les crevettes, gambas, et écrevisses, attendent patiemment leur dernière heure.
Dans l’une des allées, Géraldine est abordée par Coumba, l’une des vendeuses du bazar touristique d’à côté. Son bagout nous fait rire. Elle réussit à convaincre Géraldine de visiter son échoppe et à lui vendre quelques bracelets.
Coumba est touchante. Son histoire avec sa famille n’est peut-être que pure fiction mais nous apprécions la rencontre. C’est l’occasion de parler un peu des us et coutumes du Sénégal. Mais l’atmosphère étouffante et les vendeurs trop pressés nous donnent quelques vertiges, sans compter la circulation, bruyante, cahotique.
Nous rentrons nous réfugier dans notre immense coquille flottante pour un instant.
De retour à l’air libre, nous filons prendre un ticket de traversée pour l’île de Gorée. Dans le bateau, nous ne sommes pas les seuls à transpirer.
Visiblement, il fait chaud pour tout le monde! Ce jour-là, le bateau est plein à craquer. Un concert de “stars”, genre Youssou’n’Dour nous dit-on se déroule sur la plage. Peut-être pourrons-nous en profiter! A l’approche de l’île, nous pouvons déjà apercevoir les splendides bâtiments du temps passé et la forteresse, quatre fois reprise aux français par les anglais.
Gorée était un siège stratégique et pas seulement pour sa position géograhique! Bien triste histoire que celle de Gorée! Celle de la traite des noirs et de l’esclavage. Symbole aujourd’hui de mémoire, monuments, sculptures, poèmes ou textes sont partout pour rappeler ce fait sordide. L’île a été en partie restaurée et est à présent classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
Nous prenons le temps de visiter Gorée, longue de 900 m et large de 400 m, d’entrer dans la maison des esclaves pour lire et relire les horreurs qu’ont subit pendant presque quatre siècles des hommes, nés avec la peau noire!
Au total, plus de quinze millions d’africains furent déportés et ce jusqu’en 1914.
Dans les dédales des rues, tout est tranquille.
Aujourd’hui, l’île compte mille habitants dont la plupart vivent dans des conditions de vie très pauvres.
Les anciennes constructions, dont le faste d’autrefois porte encore des marques, sont habitées par des familles sans éléctricité, sans eau courante et sans toilette. Gorée nous touche.
Belle et horrible à la fois.
Les enfants insouciants nous chahutent quelques instants. L’occasion de jouer avec eux.
Quand à la plage, elle est envahit d’une foule très agitée avant le concert.
Partout le calme règne, tantôt sous un arbre, tantôt à l’ombre d’une maison, des hommes et des femmes discutent ou font la sieste.
Les petites échoppes vendent peintures, bibelots et autres souvenirs dans un désordre qui prêtent à sourire.
Si loin de chez nous mais si proche à la fois...
Nous aurions aimé rester discuter avec ces femmes aux bou-bous multicolores...
...mais la cloche du bateau doit sonner dans moins d’une heure. Il nous faut repartir. Une autre fois, Dakar!
Nous sommes en mer depuis presque vingt jours. Si l’Amérique du Sud semble bien loin, l’Afrique aussi à présent. Doucement nous rejoignons les côtes européeennes avec deux prochaines escales en Allemagne. La première à Bremenhaven, l’autre à Hambourg… Mais cela est encore une autre histoire…