12 juin 2009
Nous avons rejoint Chang Mai, deuxième ville la plus importante du pays avec seulement deux cent mille habitants, soit cinquante fois moins que Bangkok, rendant ainsi l’atmosphère de cette cité tout à fait respirable. Si Chang Mai est réputée pour ses temples et son ambiance estudiantine, la cité abrite également des bazars de nuit où des heures durant il est possible de se balader. Seul ombre au tableau durant notre séjour, les fortes pluies continues, rendant notre humeur moins apte à la découverte et transformant par la même notre camion en canard boueux. Rongé petit à petit par la rouille, Hachille saura-t-il garder son look d’antan? A voir à l’arrivée…
Ancienne capitale lanna
Nous quittons avec une pointe de nostalgie notre chambre douillette du Legend Resort de Chiang Rai. Un grand merci à Marc Dumur et toute son équipe pour leur accueil et la surprise réservée le matin de notre départ.
En à peine quatre heures de temps, nous rejoignons Chang Mai où nous attend Jimmy, membre du club de voitures anciennes et propriétaire d’un garage où expatriés et thaïlandais font réparer ce qu’ils qualifient de “patrimoine roulant”.
Après quinze ans de vie au Etats-unis, Jimmy est revenu dans son pays d’origine, plus près des siens, donc plus heureux nous raconte-t-il.
Hachille a trouvé son maître pour le réglage des culbuteurs et la vérification de l’un des cardans, de plus en plus fragile.
Le verdict de Jimmy confirme aussi une grande faiblesse dans la direction. Mais si nous continuons de rouler en ligne droite, sur un bon asphalte et à notre moyenne habituelle, soit 60, voire 70km/h, Hachille devrait survivre, foi de Jimmy! De nouvelles pièces arrivent en juillet prochain à Kuala Lumpur. D’ici là, roulons tranquilles pendant encore trois mille kilomètres…
Nous passons également une soirée avec quelques uns des membres du club, pour la plupart so britishs!
Les échanges restent courtois mais nous ne sentons pas l’habituel enthousiasme des passionnés. Nous nous séparons en se souhaitant mutuellement “bonne route”. Etrange.
Le lendemain, malgré des pluies diluviennes, nous décidons pourtant d’explorer le coeur de la cité.
Sur les quelques kilomètres qui nous séparent du centre ville, nous nous arrêtons au cimetière des étrangers.
Les pierres tombales vieillent de plus de 150 ans attestent du passage dans la cité du nord des négociants, missionnaires ou notables américains ou européens.
Fondée au XIIIe siècle, la ville resta jusqu’au début du XXe siècle une porte fermée au reste du pays. Centre artisanal dans les domaines de la poterie, des ombrelles, du tissage et du travail de l’argent, aujourd’hui la province et la ville vivent essentiellement du tourisme mais reste le principal centre de production d’artisanat pour tout le pays.
Du passé, il n’en reste pas beaucoup. Apparemment, le béton faisant foi d’une certaine avancée sociale, il n’est pas de bon ton de conserver ce qui a fait la richesse et la renommée de Chang Mai. Quelle hérésie parfois!
Nous tombons pourtant, un matin, nez à nez avec, semble-t-il, la seule maison préservée de la cité dont le style, dit Lanna, représente ce mélange d’architecture birmane et lao caractéristique de la région jusqu’au début XXe.
Construite en 1867, la solidité des bois précieux lui permettent, après 142 ans d’âge, d’être encore debout. Simple et belle, on aime!
Quand au coeur historique, il est entouré d’un carré de douves et de murailles accessibles par le biais de portes.
A l’intérieur des remparts, hôtels, restaurants et bars foisonnent tout comme les temples. Ceux-ci ont bien sûr leur importance. Il y en a des dizaines. Nous en sélectionnerons trois au vu de leurs critères: Le plus visité, le plus vieux, et le plus authentique.
En premier lieu, le wat Phra Singh (le plus visité).
A notre arrivée, de grands portraits de la vie de l’un des bonzes y sont présentés mais aussi une vaste exposition de photos de ce monsieur, mourant sur son lit d’hôpital, puis reposant sur son lit de mort.
Un peu morbide à notre goût, cet exemple démontre une nouvelle fois les différences culturelles entre Orient et Occident où la mort se vit d’une toute autre façon. Le grand prêtre est décédé il y a tout juste un mois.
Chaque samedi, pendant plusieurs semaines, des cérémonies lui sont dédiées.
De l’autre côté du wat principal, nous découvrons un spectacle de jeunes danseuses en costume traditionnel.
Puis une magnifique chapelle ornée de peintures d’or.
La pluie marque enfin une pause, nous permettant d’enfourcher la moto et repartir un peu plus au nord pour visiter cette fois le wat Chiang Man (le plus vieux) où nous gardons le souvenir de ses fresques rouges et or sur les murs.
Celles-ci représentent des scènes de vie du fondateur de la ville.
Enfin, le plus authentique… Peut-être parce que son éclat réside dans la beauté de ses boiseries et non de ses dorures… Le Phan Tao.
Les stupas sont en bambou, une première pour nous.
Les nagas (serpents mythiques, protecteurs du mauvais esprit) sont incrustés de morceaux de mosaïques dont le verre coloré scintille avec la pluie.
La porte d’entrée est protégée par d’immenses lit de feuilles de bambous. Vieilles cloches et bouddhas reposent à l’ombre des feuillages.
Entre deux de ces visites, la pluie est bien sûr revenue. Notre curiosité pour les temples a atteint ses limites. Enfin presque.
Passer par Chang Maï sans visiter le Doï Suthep serait un comble aux dires des habitants.
Situé à plus de 1300 mètres d’altitude, dans le parc national du même nom, et à 25 km du centre ville, ce temple est (dans la catégorie “le plus”) le plus vénéré du nord.
Une balade en moto bien glissante! Ce jour là, avouons-le, l’appréciation de ce monument est plus que mitigée.
Sous la pluie ou dans la brume, les milliers de feuilles d’or n’ont pas forcément brillé d’un éclat intense… En témoigne notre vidéo.
Au hasard des bazars
A Chang Maï, comme dans le reste de la Thaïlande, les salons de massages sont légion. A l’inverse de l’Europe, les soins pratiqués ne coûtent rien. Difficile alors d’y résister. A chaque fois que cela est possible, Géraldine en profite. Un matin, elle décide de se rendre dans un salon de massage un peu particulier: La prison pour femmes.
Les détenues en fin de peine vendent le fruit de leur travail, essentiellement artisanal, dans une boutique à l’extérieur et pratiquent également des massages. Si le décor de la salle est plutôt triste et bien loin des salons traditionnels, la sympathie des femmes et leur professionalisme vaut le détour.
De plus, l’argent versé pour les soins est remis à chaque femme à leur sortie de prison, leur assurant la possibilité d’un nouveau départ. Une action au final bénéfique à chacune des parties. On en redemande!
Des curiosités à Chang Maï, il y en a beaucoup. Mais le temps imparti et la mousson limitent notre champ d’action. Nous nous contentons donc de découvrir quelques classiques comme le monument des trois rois. Sur une esplanade, trois sculptures de bronze représentent les trois rois les plus importants de Thaïlande et du Laos au XIVe siècle, quand Sukhothaï et Luang Prabang étaient alors capitales.
Aujourd’hui, l’esplanade est un lieu de pélérinage pour la population locale. Encens, cierges, fleurs sont déposés au pied des statues. Anecdote amusante, lors de notre passage, nous observons une femme, une fois la prière accomplie et les bâtons d’encens allumés, décapsuler une bouteille de bière et déposer un paquet de cigarettes.
Quelques minutes plus tard, deux employés en charge du nettoyage, ramassent les offrandes dont certaines semblent les réjouir. Rien ne se perd, rien ne se gâche, tout se consomme!
Derrière le monument, le centre culturel et artistique, ancienne maison de la province construite en 1924. Elle dénote dans le paysage avec son petit air colonial. La Thaïlande ne fut pourtant jamais colonisée!
Le centre accueille aujourd’hui des concerts, expositions, ateliers d’art, et comporte une bibliothèque. En cherchant cette dernière, nous réussissons à visiter l’ensemble de la structure sans que quiconque nous demande quoique ce soit. La billeterie est pourtant ouverte…
Nous y admirons davantage le style architectural que les expositions présentées, un peu surfaites à notre goût.
Enfin, Chang Mai sans ses bazars de rues ne serait pas Chang Mai.
Etape des caravanes entre la Chine et la Birmanie jusqu’au début du XXe siècle, ces marchés de plein air sont aujourd’hui concentrés entre deux ou trois rues piétonnes mais donnent l’impression de ne jamais finir.
Il en existe deux distincts. Le premier (the daily night bazaar) s’installe chaque soir de 18H00 à minuit sur l’une des artères principales et quelques annexes. Des centaines de vendeurs de rue, de boutiques et de places couvertes, proposent des articles de toute catégorie, de tout genre.
Tissus, vêtements, objets, bijoux, et gadgets, la plupart des étals proposent davantage des contrefaçons que de l’artisanat pur.
Et il y a le Sunday night market, un bazar coloré qui officie à partir de 16H00 chaque dimanche.
Nous y passons plus de temps. L’animation pourrait se comparer à celle d’un marché de Noël.
A ceci près qu’on y trouve une certaine moiteur tropicale, des saltimbanques, des produits exotiques, un artisanat coloré et de qualité, et des étals de sorciers.
Sans oublier les gargottes au fumet délicieux.
Mais ces bazars de rues sont si importants que même le plus amateur de lèche-vitrines et de shopping pourrait au bout de plusieurs heures demander grâce.
Nous repartons cette fois avec quelques menus souvenirs, notamment Géraldine qui, pour quelques euros, a trouvé sa future garde-robe pour l’été prochain…
Enfin l’été 2010!
Dans moins d’un mois, nous avons rendez-vous avec la famille de Yann à Kuala Lumpur. Trois mille kilomètres nous séparent encore de la capitale malaisienne. Hachille va devoir “mettre le turbo” bien que cette expression soit toute relative le concernant. Avant cette étape, nous tâcherons de nous arrêter à Ayutthaya, la deuxième capitale du Royaume de Siam après Sukhothaï. Nous réservons également une surprise à notre cher camion. L’un de ses fréres se trouve apparemment en Thaïlande… Mais cela est bien sûr encore une autre histoire…