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Etape 1  |  Royaume du Siam

28 mai 2009


Si le Laos se caractérise par sa tranquilité, la Thaïlande remporte la palme du sourire et de l’hospitalité. Une particularité quelque peu oubliée, due sans nul doute aux souvenirs de nos déboires mécaniques lors de notre passage dans le sud, six mois plus tôt. Nous nous sommes pourtant demandés si Hachille appréciait ce pays?! En cinq cents kilomètres de route, malgré une traversée au sein de magnifiques parcs nationaux, de pluies salvatrices nous permettant de respirer un peu, et de routes asphaltées de grande qualité, notre camion a fait la grimace. Mais sa tête de cochon n’a pas résisté longtemps au formidable accueil des thaïlandais. C’est donc avec sérénité et bonheur que nous poursuivons actuellement notre route, dans un pays où les “farangs” (étrangers) se font rares.

Come-back
Un ultime “au revoir” à nos amis du Laos, un dernier plein d’eau et de carburant, nous voilà partis en direction de la Thaïlande.



La frontière n’est qu’à trente kilomètres mais nous avons bien du mal à la trouver! Le passage en Thaïlande s’effectue par le “Pont de l’amitié”. Celui-ci enjambe le Mékong. Nous voyons le pont mais impossible d’en trouver l’accès. Normal, la douane est dans une zone fermée dont l’entrée est indiquée en caractère lao...
Quarante minutes plus tard, mission accomplie. La sortie du Laos, tout comme l’entrée en Thaïlande, sont vite expédiées. En moins d’une heure, tous les papiers sont signés, tamponnés, approuvés. La Thaïlande est en manque de touristes en ce moment et les rares qui se présentent aux frontières sont accueillis avec le plus grand sourire. Visa gratuit (économie non négligeable de 80 euros pour nous!), Hachille est admis pour six mois au lieu de un mois habituellement. Bref, nous sommes conviés à rester longtemps au pays du sourire!
Nous avions oublié la qualité des routes thaïlandaises.



Le revêtement est des plus parfaits. Routes et autoroutes ne demandent qu’à ménager notre bon vieux Hachille. Nous maintenons une des meilleures moyennes horaires de notre voyage et dépassons notre vitesse de pointe de 80km/h.



En avant Hachille! Pourtant, après un premier bivouac sur une aire de station service, Hachille ne nous laisse pas le temps de nous réveiller. Son alternateur se met à faire un bruit épouvantable et une mauvaise fumée sort du capot! Notre bonne étoile va une nouvelle fois se manifester. Après avoir poussé Hachille sur moins de cent mètres, nous sommes garés sur le parking d’un atelier de mécanique.



Yann démonte l’alternateur pendant que les ouvriers du lieu nous apportent boissons et mangues en quantité, allant même jusqu’à déplacer notre camion de quelques mètres pour nous permettre de réparer à l’ombre.



Tout le monde s’arrête de travailler et nous devenons le centre de toute leur attention.



Nous imaginons en rigolant la même scène en Europe, débarquant chez notre garagiste habituel:
“- Bonjour monsieur je cois qu’on a un problème avec notre alternateur...
-    Vous avez pris rendez-vous?
-    Euh... non... nous ne pensions pas que notre alternateur allait nous lâcher aujourd’hui...
-    Bon, alors désolé, mais notre service minute est débordé. Donnez moi votre nom. Un rendez-vous est possible mais pas avant trois semaines...
-    Mais... c’est que... nous ne pouvons pas repartir, notre alternateur est mort...
-    Ah désolé mais vous le comprendrez sûrement… Tout le monde à besoin de sa voiture... Si vous voulez, laissez là ici, on vous loue une voiture de remplacement à 566 euros hors taxe par jour et on vous facture 34,29 euros de gardiennage de votre camion... En attendant les papiers, si vous voulez un café c’est au fond à droite. Attention, la machine accepte uniquement les pièces de 1 euro...
-    Merci, je crois que je vais aller me faire dépanner au pays du sourire... ”

En moins de deux heures, tout est réparé. Yann, dégoulinant de sueur, se voit offrir une douche, et nous repartons, le frigo d’Hachille remplis de douceurs. Le tout sans débourser un seul bath (monnaie thaï).



Merci messieurs, vous contribuez à l’hospitalité de votre beau pays que nous aimons déjà. Et cet accueil exemplaire se poursuit pour notre plus grande plaisir. Nous arrivons en fin d’après-midi à Phitsanulok, moins fréquentée que sa prestigieuse voisine, la cité de Sukhothai. Comme à l’habitué, nous partons à la recherche d’un bivouac tranquille pour passer les deux prochaines nuits. Après quelques recherches, nous trouvons un hôtel qui nous accepte sur son parking en bordure de la Nam Nan (la rivière Nan).



Au bout de quelques instants, la propriétaire vient nous souhaiter la bienvenue avec quelques mangues.  Elle met à notre disposition douche, toilette et eau, le tout gratuitement. Puis c’est l’accès à internet et au bar climatisé qui nous est proposé. L’hospitalité thai n’est vraiment pas un vain mot!


Philok, tel est son surnom
Phitsanulok, plutôt boudée par les touristes étrangers, se doit pourtant d’être visitée.  Au coeur de la ville se trouve le grand wat Phra Si Ratana Mahathat, plus communèment appelé wat Yaï.



Sa construction remonte au XIVe siècle. Outre son âge et sa très belle architecture, sa notoriété se justifie à l’intérieur de ses murs.  



Il abrite en effet le bouddha “Chinnarat” (“roi victorieux), la statue la plus vénérée et la plus copiée de Thaïlande après le bouddha d’émeraude de Bangkok. Une attraction majeure dont la dévotion des fidèles s’exprime par bon nombre d’offrandes, notamment en argent. Ce temple reçoit l’équivalent de douze millions de baths (l’équivalent de 250000 euros) de donations par an.
Avant notre entrée dans le temple, dont la tour recouverte de feuilles d’or s’éléve dans un ciel limpide, nous parcourons les allées fleuries et les galeries interminables l’entourant. De très belles rangées de bouddhas sont installées le long de chaque artère.



Céramiques et objets anciens y sont également representées.



Autour des allées, l’ambiance générale est à son comble, et ce malgré l’heure matinale.



Les fidèles viennent prier, déposer leurs offrandes aux pieds d’autres bouddhas, sans omettre de coller une ou plusieurs feuilles d’or ou de faire brûler des bâtons d’encens.



Nous remarquons la quantité inhabituelle d’offrandes, voire leur originalité… comme des têtes de cochon!



Deux bâtons d’encens plantés de chaque côté du crâne donne à l’animal un air de bête de foire désarçonnée. Bouddha et son sourire d’éternel satisfait prendra-t-il pitié?



A quelques mètres du wat, des comptoirs de loterie nationale vendent leurs tickets à tous les passants.



Même les bonzes ne peuvent résister.



Dans une main, leur téléphone portable, dans l’autre leur ticket de loterie.
De l’autre côté, ce sont cette fois des échoppes de souvenirs avec lesquelles les sites de pélérinage français, dont le très quoté Lourdes, ne sauraient rivaliser.



C’est bien connu, religion et affaires sont étroitement liées…



Nous entrons enfin dans le temple. Le bouddha est, il est vrai, une pièce magnifique.



Dépourvue de halo clignotant et breloques habituelles dont les bouddhas sont en général recouverts, sa grandeur et sa forme inspirent immédiatement le respect. Nous nous asseyons un long moment pour observer les us et coutumes des uns et des autres.



Attention par exemple à ne pas présenter ses pieds vers l’avant devant Bouddha.
Encore une fois, le bouddhisme occupe une part importante dans la vie des thaïlandais, reprenant le schéma habituel d’un socle établi depuis des millénaires en Asie: Importance de la famille, des ancêtres et de la religion.

Bouddha, une institution
Notre visite du temple terminée, nous filons à l’opposé de la ville, dans un lieu crée par un ancien sergent de l’armée, Dr Thawi. Cet octagénaire, une fois à la retraite, a ouvert une fonderie de bouddha de bronze de toutes tailles.



Ces bouddhas sont des copies du Chinnarat, celui découvert précédemment. Selon un procédé artisanal, datant presque de l’Antiquité, nous suivons pas à pas les étapes de la fabrication.



En quelques mots… La première étape consiste à réaliser un moulage en cire du bouddha.



Une fois refroidi, il est enduit de plâtre à l’intérieur puis à l’extérieur.



Une fois séché, le moule est percé à diverses endroits, chauffé au four pour évacuer la cire.



Ne reste que le moulage en plâtre dans lequel le bronze va remplacer la cire.



La statue terminée, il faut ensuite dégager les résidus de plâtre, polisser et peindre les aspérités ou les défauts, puis donner au bronze tout son éclat en le recouvrant de feuille d’or.



Chaque feuille d’or coûte dix baths (soit 0,20 cts d’euros).



Sachant qu’il en faut deux mille pour la plus petite statue, les futurs propriétaires passent donc leur commande en fonction de leur budjet. Certaines statues nécessitent presqu’un an de travail.



Leur réalisation, quelque peu archaïque, en est peut-être aussi la cause.
Avant de quitter l’endroit, nous visitons la réserve ornithologique du Dr Thawi, sa dernière passion.



Des centaines de volières, pas forcèment très bien entretenues cependant, abritent des perruches, perroquets, voire des tourterelles, mais aussi des espèces uniques pour la plupart en voie d’extinction comme le Calao, peut-être cousin du toucan?...



Sa taille et surtout son bec nous impressionnent. Nous en comptons au moins cinq. Nous repartons du parc un peu tristes car à de multiples reprises, certains oiseaux n’ont eu de cesse d’agiter violemment les grillages.



Appel de la liberté auquel nous ne pouvons répondre. Pourraient-ils encore survivre dans ces forêts thaïlandaises où la déforestation semble être un sport national?... Le débat fait rage dans nos têtes.
Au moment de partir, nous passons encore quelques minutes avec le Dr Thawi, très accueillant et très posé, presque excentrique dirons-nous, quand survint un débarquement de militaires. Quatre hommes, habillés de leurs costumes et barrettes, entourent une colonne de survêtement bleu et blanc. Un “bonjour” à l’adresse du Dr Thawi résonne à l’unisson. Il est temps de nous éclipser.
Le soir venu, nous longeons la rivière Nan. Les stupas éclairés de multiples spots et guirlandes confèrent à la ville une atmosphère magique.



Au bout d’une demi-heure, au milieu d’une foule de coureurs et cyclistes amateurs, un vent violent se lève, le ciel se charge rapidement de nuages menaçants.



Un orage se prépare. Ouf, l’atmosphère va pouvoir se rafraîchir. Nous observons, en attendant les gouttes, ce ciel incroyable. Un spectacle dont nous nous régalons à chaque fois. Les orages en Asie sont violents certes mais ils sont beaux! Dix minutes plus tard, nous entendrons résonner l’orage mais pas sur Phitsanulok. Dommage! Nous reprenons la promenade et arrivons au marché de nuit. Un grand bazar où tout se vend.



Gargottes de plein air, échoppes de souvenirs, vendeurs ambulants, nous retenons surtout les salons de massage et d’esthétisme en plein air.



Massages de pieds mais aussi pose de faux cils et faux ongles remportent toutefois les suffrages. Les masseuses et esthéticiennes nous hélent à maintes reprises, sans succès.



En revanche, le marchand de cacahuètes, dont le beau palan déborde, nous séduit.



Mais nous venons de consommer un Tom Yam (spécialité de soupe). Une autre fois peut-être…


Un peu plus à l’ouest
Soixante kilomètres nous séparent de Sukhothai.



Les routes sont toujours excellentes et en moins d’une heure nous arrivons dans la première capitale du Siam. La ville est petite, et les maisons serrées. Aucun parking n’est disponible dans la nouvelle ville de Sukhothai. Finalement, c’est dans l’enceinte d’un ensemble de temples que nous trouvons le bivouac du jour.



Derrière les maisons des bonzes, au milieu des arbres et dans la tranquilité du lieu, nous garons Hachille, sous la garde bienveillante de Bouddha. Un des seuls bonzes anglophones, professeur de religion, nous offre électricité, toilettes et douche. En quelques heures, nous devenons l’attraction du lieu. Chaque fait et geste est l’occasion de rigolades réciproques. Notre cuisine en plein air amuse le monde et chacun veut voir comment nous faisons le riz frit!



C’est aussi l’occasion d’échanger sur la culture de chacun. Ainsi, lors d’une séance “coupe de cheveux”, les bonzes nous expliquent qu’ils se rasent la tête une fois par mois au cours d’une cérémonie rituelle, suivant un calendrier lunaire très précis.



Yann, c’est une fois par mois, enfin… Selon la repousse et avec les gestes précis de Géraldine.
Ce bivouac nous permet aussi de retrouver nos amis les Sélénites, quittés en février dernier à Sieam Reap, au Cambodge (www.latortueselene.com). Longues soirées barbecues et discussions interminables de voyageurs ponctuent nos journées. Nous découvrons ensemble la nouvelle ville de Sukhothai. Tout est ici tranquille. Les marchands ambulants cotoient les petites boutiques en tout genre.



Vendeurs d’oeufs, de piments, chacun se spécialise dans un produit bien précis. Le marché n’est pas forcément alléchant ni esthétique mais il nous permet de trouver quelques pièces de poulets et de porcs.



Joie des retrouvailles oblige, celles-ci finissent en grillades. Comme à l’habitué, les marchés du monde sont aussi l’occasion de portraits sympathiques.



Si la ville nouvelle de Sukhothai offre peu de richesses, en revanche, sa partie ancienne, située à quinze kilomètres plus à l’ouest, est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. De nouveaux trésors vont se révéler à nous dans les prochains jours. Puis ce sera la route vers le nord pour rejoindre Chiang Rai et le célèbre triangle d’or. Mais tout cela, bien sûr, est une autre histoire...