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A Siem Reap

Etape 5  |  Sur les berges du Tonlé Sap

01 février 2009
Le privilège de notre voyage au long cours, c’est qu’il nous permet de prendre le temps de découvrir un lieu ou une région au gré de nos envies. Preuve en est, depuis notre arrivée à Sieam Reap il y a presque quinze jours, nous n’avons pas encore découvert les temples d’Angkor. Un comble nous direz-vous! Peut-être…
Balades au fil de l’eau, regard sur un patrimoine culturel et rencontres artistiques ont choisi d’occuper jusqu’ici nos journées. Bien évidemment, au vu des défilés incessants que connaissent les pierres chaque jour, celles-ci ne sont pas non plus pressées de nous voir! Mais à force de les imaginer, nous allons bientôt leur rendre visite et pouvoir écouter leur histoire dans le murmure d’une nature que l’on dit édifiante…

Porte d’Angkor
De son passage à Siem Reap en 2001, Géraldine ne reconnaît plus rien. Le village où quelques hôtels et restaurants occupaient jadis les bords des routes et où les vélos roulaient sur des pistes de terre rouge, s’est transformé aujourd’hui en une ville de plus de 150 000 habitants avec des centaines de bâtiments pour recevoir la clientèle la plus hétérogène qu’elle soit de voir.



Normal, Siem Reap voit défiler chaque année plus d’un million de visiteurs, une ressource économique impossible à négliger pour le pays!
Et si le centre-ville ressemble à un vrai centre de vacances pour touristes de passage, Siem Reap a toutefois gardé le charme tranquille si typique du Cambodge.



Outre les vestiges architecturaux, les jardins et parcs royaux, les gargottes et négoces y ont toujours leur place et les vélos, chars à boeufs et mobylettes, chargés de cochons, volailles et ustensiles en tout genre, continuent de parcourir les ruelles pour déposer ou vendre leurs marchandises.



Venir à Siem Reap est aussi l’occasion de découvrir diverses associations qui, grâce au tourisme, assurent aux habitants, notamment aux enfants, un revenu, si maigre soit-il. C’est le cas de House of Peace, une association qui réalise dans deux ateliers distincts les fameuses Sbei tuoi, les marionnettes de théâtre d’ombre.



Fabriquées en cuir, elles symbolisent un art traditionnel khmer. Dieux, démons, personnages princiers et animaux comme l’éléphant ou le singe, House of Peace fait renaître cet art grâce aux mains des orphelins.



Ceux-ci ont ainsi un toît, peuvent aller à l’école et manger, quand ils n’ont pas cours dans l’atelier.



Les marionnettes sont bien sûr vendues au profit de l’association et des spectacles sont organisés. Une manière de faire revivre un art ancestral interdit pendant des dizaines d’années sous le régime communiste.



Autre art traditionnel cambodgien: la danse. Robam Chak Angkrang ou encore Robam Chloeu Lors Slek, ces noms désignent des danses traditionnelles auxquelles nous avons assisté un soir de cette semaine. Originaires de certaines régions du Royaume, ces danses dépeignent les activités agricoles quotidiennes des montagnes des Cardamomes, du Mondolkiri, voire de la province de Siem Reap. Des danses traditionnelles hautes en couleurs et très souriantes. Nous vous laissons le soin d’en juger par le biais de notre vidéo…
Autour de Siem Reap, il y a aussi à voir et à faire. A condition de pouvoir accéder aux chemins de traverse généralement défoncés! Sur proposition de nos hôtes, Véronique et Etienne, possédant un 4X4, nous embarquons un matin pour une excursion à Kampong Phluck. Pendant plus d’une heure, nous nous accrochons à l’arrière du pick-up qui réussit à éviter non sans mal les ornières de la piste. Hachille, oui, tu n’aurais pas pu passer!



Au bout de la piste, un trou plus conséquent stoppe finalement notre progression. Pas grave, nous sommes arrivés. Il faut en effet continuer la balade sur l’eau pour accéder à l’endroit que nous souhaitons: La forêt innondée. D’abord en bateau d’une capacité de quinze places, nous partons le long de la rivière.



Soudain, au détour d’un virage, nous découvrons un village à l’activité surprenante. De partout, les maisons, bâties sur des pilotis hauts de presque dix mètres, abritent une population de pêcheurs.



Les uns reprisent leurs filets, les autres s’occupent de trier le fruit de la pêche, d’autres encore font la vaisselle ou se lavent. Les enfants rieurs s’amusent, du haut de certaines pirogues, à plonger, nous gratifiant au passage d’un “hello” ou d’un signe de la main.



Un moment magique où nous ressentons encore une fois la douceur de vivre et la simplicité cambodgiennes. Passé ce village, nous arrivons sur le lac (Tonlé Sap), le plus grand du Royaume.



Le temps d’une pause où l’embarcation est agitée de faibles remous, nous le quittons pour remonter la rivière et nous installer cette fois sur une pirogue.



Nous pénétrons dans le silence de cette forêt innondée où quelques rares poissons-chats viennent agiter la surface de l’eau.



Nous ne sommes pas rester pétrifiés (à l’inverse des arbres) à la vue de cette forêt mais subjugués. En cette période de l’année (saison sèche), les arbres sortent ainsi de l’eau mais à partir de mai, ils sont de nouveau noyés.



L’eau submerge en effet la forêt lorsque la crue du Mékong fait monter le niveau du lac. Après une heure de balade, nous repartons en direction du village où nous posons le pied à terre.



Des enfants nous proposent d’acheter des cahiers pour l’école, sachant que l’argent ira dans les poches de quelqu’un et les cahiers retourneront dans les mains des enfants chargés d’attendrir encore et toujours le touriste!



La boucle est bouclée sauf si vous connaissez la combine… Mais si nous n’entrons pas dans le jeu des enfants, nous passons de joyeux moments avec eux.



Dans l’artère principale, les crevettes disposées sur des bâches finissent de sécher avant d’être vendues sur les marchés pour terminer leur course dans une soupe ou écrasées dans une pâte de curry “made in Cambodia”.



Merci à la famille Lefort pour cette excursion inoubliable!...

Cité fluviale
Il était décidé de ne pas emprunter la route avec Hachille pour relier Siem Reap à Battambang. D’abord parce que nous souhaitions remonter en bateau le Stueng Sangkae. Une balade fluviale dont on dit qu’elle est la plus belle du pays.
Et puis parce que les cents premiers kilomètres de la piste auraient eu raison de notre camion! Si nous ne nous plaignons pas des soucis rencontrés avec Hachille, nous avons aussi envie de le préserver un peu pour poursuivre notre aventure. Nous empruntons donc un matin de bonne heure la route 6 en bus.



La conduite sportive (peut-être dangeureuse?...) du chauffeur a permis un temps de trajet relativement court malgré une bonne moitié de route bien défoncée. Nous avons ainsi rejoint cinq heures plus tard Battambang en ayant réalisé 171 km. Une bonne moyenne avec laquelle Hachille n’aurait pu rivaliser c’est sûr!
A notre arrivée, nous trouvons la ville endormie. En raison de la chaleur, les habitants pratiqueraient-ils la sieste?.. Pas du tout. Nous sommes en plein Nouvel An chinois et les festivités doivent durer au minimum une semaine. Qui dit commerce, dit chinois en vue… La plupart des magasins sont donc fermés même si la population khmère en profite aussi. Les maisons sont décorées de personnages chinois aux couleurs riantes et “d’arbres de Noël”.



Durant les trois jours que nous passerons dans la ville, nous aurons l’occasion d’assister à des spectacles de rues où les dragons s’agitent aux sons des tambours, cimbales et flûtes.



Des moments de fête où la ville assoupit s’égaie et regroupe une population de tout bord.



Battambang nous apparaît donc calme, loin de l’agitation touristique de Siem Reap. Une ambiance dans laquelle nous plongeons délicieusement en marchant le long de la rivière.



C’est dans cette partie de la cité que se regroupent la plupart des maisons coloniales françaises au charme fou.



Certains bâtiments à l’abandon ont gardé leurs lettres de noblesse. D’autres, rénovées, font renaître la splendeur architecturale, dont (oui “cocorico”), nous sommes fiers.



Battambang offre d’autres à côté tout aussi beaux comme cette balade que nous avons faite en mobylette dans la campagne alentour.



Rizières, maisons de bois traditionnelles, champs et vallées à perte de vue,…



Pendant une trentaine de kilomètres, nous longeons la route principale pour visiter une autre splendeur du temps passé: le Wat Banan. Les 380 marches de pierre dominent l’entrée du temple et semblent nous défier avant même d’y avoir poser les pieds.



Impressionnant! Chaleur oblige, même en milieu de matinée, nous procédons par étape avant d’arriver au sommet.



Plus que les cinq tours qui forment le corps de ce temple datant du XIème siècle, c’est la vue imprenable sur la campagne qui nous séduit.



Idéal pour faire une nouvelle pause.



Au sortir du temple, nous reprenons une autre route pour rejoindre le centre-ville. La mobylette s’est transformée en moto tout terrain pas forcément adaptée! Une pierre plus vicieuse qu’une autre a raison de notre pneu arrière. Vite crevé mais vite réparé.



Une dizaine de kilomètres plus loin, notre regard accroche un panneau: Vin du Banan.



Quelle anecdote! Nous sommes à l’entrée d’un vignoble de quatre hectares qui produit un vin assemblé avec les cépages Shiraz et Cabernet Sauvignon.



Dix mille bouteilles sortent chaque année des cuves aux dires de la propriétaire. Ce sont là les seules informations que nous réussissons à obtenir car nous n’avons toujours pas appris le khmer! Nous avons droit à une dégustation de vin rouge, Brandy local et jus de raisin. Si la surprise de découvrir ses produits, uniques au Cambodge, est amusante, le goût en bouche est relativement difficile à apprécier avouons-le.



Un viticulteur français y a même laissé un album de photos et un petit mot concernant une approche de vinification du vin. Peut-être que le sol et les conditions météorologiques ne sont tout simplement pas favorables à la production d’un vin de qualité ou bien que nos palais français sont habitués à d’autres saveurs?... En attendant l’étiquette fait sourire et le prix, 15 $ la bouteille (non négociable), repousse à coup sûr les envies d’achat, ne serait-ce que pour le souvenir…

Du grand art!
Passez à Battambang signifiait aussi pour nous la rencontre avec Phare Ponleu Selpak. Traduisez “Ecole des arts et de la lumière”.



Une organisation créée en 1994 découlant des ateliers d’arts plastiques entre adultes et enfants cambodgiens dans les camps de réfugiés à la frontière thaïlandaise suite aux épsiodes khmers rouges. Sous l’égide d’une plasticienne française, de retour dans leur pays, les enfants ont grandi et ont souhaité poursuivre leur projet.



Ils ont ainsi cherché et retrouvé leurs professeurs: Phare est née.



Au fil des années, elle a continué à accueillir les enfants des rues et en situation de précarité. L’organisation regroupe aujourd’hui plus de 600 enfants, tous scolarisés sur le site et bénéficiant de cours, le matin ou le soir, avec au menu et au choix: Arts plastiques, atelier de graphisme et de dessin animé, théâtre, musique.



Le cirque est né en 1998.



Les enfants devenus grands sont pour la plupart salariés et enseignent aux nouveaux. Un projet brillant et porteur de mille et un espoirs. Depuis sa création, Phare présente ses spectacles au Cambodge mais aussi en Europe.



Un travail magnifique générant 50% de leur revenu annuel. Pour ceux qui souhaiteraient les découvrir , sachez qu’une tournée européenne est prévue dans quelques mois. Vous trouverez les dates définitives de cette tournée à partir d’avril prochain ainsi que leur programmation sur leur site internet:  www.phareps.org
On aurait presque envie de vous dire: “Tous au cirque!”...

Au fil de l’eau…
Nous quittons Battambang pour rejoindre Siem Reap à bord d’un bateau dont la remontée sur le Stueng Sangkae va durer plus de huit heures.



Le niveau de l’eau est bas en cette saison et le bateau doit franchir des zones marécageuses et des chennaux étroits rendant la navigation difficile, quand ce ne sont pas des jacinthes d’eau, source de pollution et d’asphyxie des eaux.



Nous nous laissons bercer par cette nouvelle balade fluviale et découvrons, au fil de notre progression, de nombreux villages flottants.  



Nous sommes fascinés par cette vie qui permet aux habitants de déplacer leurs maisons au gré des saisons et des évenements.



Regroupés en communauté, certains vivent sur leur bateau, d’autres dans des maisons de bambous et d’herbe séchée, soutenues par des tronçons de bois à peine remués au passage d’une embarcation.



De temps en temps, le bateau dépose un passager, de retour de la ville, les bras chargés d’immenses sacs de provisions comme les fruits ou les légumes, impossibles à cultiver au sein d’un village flottant.



Nous regardons, certes un peu voyeurs, l’intérieur des ces maisons où quelques casseroles, tapis et tabourets constituent l’essentiel du mobilier.



Le traditionnel et attractif élément, “gage de modernité et de connaissances”, trône sur une étagère dans quelques unes des habitations. Vous avez deviné?.... La télévision bien sûr!



Une dizaine de batteries sont chargées la journée grâce à un générateur (bien fumant) et produisent l’énergie suffisante pour alimenter les tubes en soirée. Eventuellement pour faire un bon karaoké entre amis…
Ce que nous retenons une fois de plus, ce sont ces sourires et cette douceur de vivre dont nous ne cessons de nous imprégner.



Et même si les conditions de vie nous apparaissent sommaires, nous ne sommes pas sûrs que les populations soient malheureuses et aient envie de changer de mode de vie. Leur simplicité ne serait-elle pas porteur de bien plus de bonheur que nous ne pourrions en ressentir dans nos modes de vie européens?…



Nous nous faisons cette réflexion quand, lors d’un arrêt, l’un des passagers distribue des bonbons aux enfants comme s’il fallait les réconforter d’une quelconque misère. Le geste nous met mal à l’aise. Et puis les enfants au Cambodge ne se lavent pas les dents…Gare aux caries!

Retour à Siem Reap
Nous clotûrons ce chapitre fluvial pour retourner sur la terre ferme de Siem Reap. Un rendez-vous nous attend! Une visite à l’Ecole Française où une dizaine d’enfants d’expatriés sont scolarisés.



C’est pour nous une première depuis le début de notre périple et nous ne savons pas trop comment organiser les choses, d’autant que les enfants ont tous des âges différents (de 6 à 10 ans).



Pendant une heure et demie, nous présentons aux enfants notre voyage avec vidéos et photos à l’appui, sans oublier un petit cours de géographie et la visite de notre camion où chacun a bien pris soin d’enlever ses chaussures.
Amusant! Les enfants, quant à eux, nous ont préparé des chefs-d’oeuvre montrant leur école.



Hachille a de quoi parer ses murs. Merci!

Avant de quitter définitivement Siem Reap, nous allons enfin, dans les jours prochains, découvrir ce patrimoine culturel unique au monde: Les temples d’Angkor.
Angkor Wat, la cité fortifiée d’Angkor Thom, le Bayon, le Ta Prohm, Banteay Kdei, Pre Ru, et beaucoup d’autres, certains ont été rénovés, d’autres tombent en ruine, ou encore sont aux prises avec la jungle,…Qu’ont-ils à nous raconter?... Cela est bien sûr une autre histoire…