07 janvier 2007
Vous êtes tellement nombreux à nous demander chaque jour plus d'infos
sur Hachille que nous avons décidé de faire cette page spéciale
retraçant sa longue vie de HY et sa nouvelle vie de véhicule aménagé
pour un tour du monde.
Un jour de 1969
C’est
en Belgique, début 2004, que nous découvrons celui qui deviendra
Hachille. Un HY 72 de 1969, 50 000 kilomètres au compteur mais
certainement 150 000 ou même 250 000 en réalité. Peu importe, le moteur
tourne rond, les freins fonctionnent et l’éclairage aussi. Nous avons
une bonne base pour réaliser tous les travaux que nous voulons
entreprendre pour le rendre apte à parcourir 80 000 kilomètres autour
de la planète. Ni une, ni deux, nous voilà partis quelques jours en
camping pour prendre en main le bel engin.
Nous
sommes en avril 2004, notre HY est à l’abri, nous commençons à faire
des plans. Nous ne connaissons rien à la mécanique, presque honteux
d’avouer notre méconnaissance du fonctionnement d’un moteur à
explosion. Mais nous sommes avides d’apprendre. Nous commandons les
livres techniques et étudions sérieusement les possibilités
d’aménagement. Le travail sera divisé en plusieurs équipes.
Etienne,
un ami, secondé par des amis carrossiers, mécanos, soudeurs...
s’occupera de la mécanique, de l’adaptation du moteur, et des
modifications de carrosserie. Jacques, un ami menuisier et aménageur de
cuisine, gérera l’aménagement intérieur. Pendant ce temps, Yann fait
les plans de la partie habitable. Au fur et à
mesure de l’avancement des travaux de chacun, il doit passer les gaines
de câbles.
Nous participons aussi à la rénovation du moteur, il
faut bien apprendre à le réparer pour parer à tout éventualité lorsque
nous tomberons en panne au milieu de nulle part.
Nous
avons pris le parti, qui ne plaît pas à tous nous en convenons, de
faire quelques modifications tant sur la carrosserie que sur le moteur.
S’engager dans un projet autour du monde avec un tel véhicule ne se
prend pas à la légère. Nous préférons terminer notre aventure avec un
véhicule adapté à nos conditions de voyage et ne pas devoir renoncer en
route avec un véhicule d’origine. Nous aimons vraiment notre camion et
les décisions de modification sont minimes pour préserver au mieux son
look.
Côté moteur, nous installons un allumeur électronique pour
éviter d’assécher les vis platinés à chaque averse. Nous aurons besoin
d’énergie pour équiper l’arrière du véhicule. Nous remplaçons donc la
dynamo par un alternateur.
La batterie d’origine de 45Ah disparaît au profit d’une batterie de 100Ah dans une cage soudée sous les pieds du passager.
Le
bloc moteur est démonté pour nettoyage; les bougies changées, la pompe
à essence testée, le démarreur remis à neuf, les freins controlés.
Pendant
ce temps Géraldine démonte l’intérieur de la cabine, tableau de bord,
siéges, essuie-glace. Tout est poncé, passé à l’antirouille pour être
repeint.
Une préparation grand-raid
Nous nous apercevons vite que le réservoir d’essence de 55
litres d’origine est insuffisant. Il nous faut une autonomie minimum de
1000 km. Avec une consommation moyenne de 12-13 litres, nous devons
absolument avoir au moins 100 litres de carburant. C’est là que les
grands travaux commencent. Le plancher en tôle ondulé à l’arrière est
entièrement découpé.
Il ne reste plus que le châssis et ses
poutres porteuses. Pour gagner de la place nous le retôlons par
dessous. Les compartiments entre les traverses nous servent de coffres
et nous y installons un réservoir d’essence supplémentaire fabriqué sur
mesure par un atelier spécialisé. Nos réserves d’essence montent alors
à 130 litres en réservoir et 40 litres en jerrican sur le toît. 170
litres au total qui nous permettent ainsi d’avoir une autonomie de plus
de 1300km, le top!
L’aménagement
de notre lieu de vie peut alors commencer. Nous isolons les parois et
le plafond du H avec des matériaux multicouches.
Utilisé
pour calfeutrer les véhicules grand raid, cet isolant garantit un
maintien honnête des températures par temps froids ou par grosses
chaleurs. Notre H n’est équipé ni de climatisation, ni de chauffage,
mieux vaut donc prendre quelques précautions. Le tout est recouvert
d’une feuille de contreplaqué souple. Nous tirons les fils électriques
nécessaires pour alimenter les prises, éclairages et autres appareils.
Un duplex écolo
L’arrière du véhicule est séparé en 2 “pièces”.
Une partie comprend une dinette avec table et banquette qui se transforme en lit pour la nuit.
La
transformation en lit a demandé un gros travail de réflexion. Pas
évident de placer un lit de 140cm dans un H en gardant un maximum de
place! Finalement, nous obtenons un lit de 130cm de large et 190cm de
long après avoir avancé les sièges avant et basculé de petites
tablettes de soutien.
Des meubles hauts permettent, comme dans un camping-car de bénéficier de rangements.
Tout
à l’arrière, séparé par une cloison et une porte, se trouve la cuisine,
salle de bain, douche, WC... le tout dans moins de 2 m2.
Un
évier avec pompe électrique permet d’avoir l’eau courante pompée dans 2
jerricans de 40 litres. Le circuit d’eau est équipé de filtres divers.
Ainsi,
pas de problème avec la qualité de l’eau de cuisine et de toilette. Un
réchaud 3 feux nous permet de préparer des petits plats bien de chez
nous ou de faire partager nos spécialités culinaires aux habitants du
bout du monde.
Sous un meuble, une porte s’ouvre et laisse sortir un WC chimique que nous avons transformé en WC écologique.
Nous
ne trouverons pas de produits pour le faire fonctionner autour du monde
et encore moins de lieu de vidange. Il est hors de question que notre
aventure soit synonyme de pollution de notre planète. Nous utilisons
donc de la bouillie bordelaise qui contient du sulfate de cuivre,
produit naturel qui sert d’habitude à traîter la vigne contre les
maladies. Encore plus efficace que ces maudits produits chimiques pour
détruire les matières, il est efficace, pas cher et on en trouve
partout dans le monde. C’est le début du système D!
De l’autre côté
de cette “grande pièce”, un frigo à compression de 80 litres est bien
utile pour garder les aliments au frais. Il se trouve juste à côté du
tableau électrique, le centre “énergétique” de notre camion.
Notre but est d’avoir une autonomie totale en électricité en évitant au maximum de polluer.
Nous
avons donc installé un alternateur dans le moteur, qui, lorsque nous
roulons recharge la batterie véhicule mais aussi 2 batteries
auxiliaires de 100 Ah, chacune placée sous le frigo.
Les
batteries sont reliées entre elles par des coupleurs-séparateurs qui
évitent de se trouver à plat au moment de démarrer le moteur. Dès que
nous nous arrêtons, l’alimentation électrique bascule automatiquement
sur ces batteries, mais ce n’est pas tout. 2 panneaux solaires de
140Watts chacun positionnés sur le toît nous garantissent une
alimentation en électricité même si nous ne roulons pas pendant
plusieurs jours.
Quelque soit le temps, l’énergie fournie par ces
2 panneaux suffit à faire tourner 24 heures sur 24 notre frigo, à nous
éclairer la nuit venue et à alimenter tous les appareils de bord.
Évidemment, nous pouvons aussi nous brancher sur n’importe quelle prise
de courant 110V ou 220V suivant le pays traversé. Enfin, un petit
groupe électrogène de 1000W, vient relayer tout le système électrique
en cas de défaillance.
Sur le toît
Il
faut encore construire la galerie, n’ayant pas trouvé de modèle alliant
solidité, look sympa et capacité de chargement. C’est Christian qui s’y
colle. Une galerie digne des modèles grand raid. Il faut bien cela pour
accueillir 2 malles achetées aux Etats-Unis. Entièrement étanches en
matériau composite, elles contiennent des pièces de rechanges et tout
ce dont nous n’aurons pas besoin tous les jours. C’est sur ces malles
que sont installés les panneaux solaires. La galerie supporte aussi 4
jerricans d’essence et d’eau ainsi que 2 roues de secours.
Enfin,
nous nous faisons plaisir en ajoutant un store déroulant pour se tenir
à l’ombre auprès de notre camion. Il est presque prêt... mais il
faudrait quand même lui trouver un nom! Le H, le H, ok c’est bien mais
ça peut prêter à confusion avec une certaine plante et c’est quand même
relativement impersonnel pour un véhicule avec lequel nous allons
passer tant de temps. Après mûre réflexion, nous le baptisons Hachille,
avec un H s’il vous plait!