19 mai 2009
Luang Prabang, trois rues parallèles à remonter ou à redescendre au gré des flâneries et visites de temples, maisons coloniales, marchés, et autres.
Trois rues qui constituent ainsi le coeur d’un quartier historique, classé en 1995 au patrimoine mondial de l’Unesco. Noblesse, élégance, prestige, tels sont les mots qui caractérisent l’ancienne capitale royale. Malgré les batailles, les pillages, les destructions, Luang Prabang a su conserver les vestiges d’un passé glorieux, empreint de romance, au travers duquel le rouge des tamarins cotoie le safran des bonzes, et où le gris limon du Mékong reflète la brillance des toitures. Luang Prabang, un délice auquel nous avons succombé!
Parcours historique
On se lève tôt à Luang Prabang, comme partout au Laos. Mais ce n’est pas seulement pour faire son marché, c’est aussi pour offrir aux bonzes quelques biscuits, du riz, des fruits ou un peu d’argent.
La quête matinale des moines bouddhistes, novices ou confirmés, a lieu quotidiennement à partir de 5H30 du matin.
Une jolie procession, très symbolique pour les laos et très colorée pour nous.
“Attention à respecter les us et coutumes de cette procession” nous annoncent des pancartes sur lesquelles nous voyons des touristes se précipiter, appareil photo en main, sur les malheureux bonzes, génant ainsi le rituel à accomplir.
Nous faisons donc attention ce matin à ne pas perturber le cours de cette quête, symbole de tout un peuple croyant, donc important.
De loin, nous observons ces colonnes de robes safran avançant petit à petit sur un parcours limité autour des temples de la ville.
Le spectacle est ravissant, bien que court. 6H15, les processions sont terminées, nous restons à regarder ces femmes qui, leur don accompli, papotent tranquillement sur leur bout de trottoir avant de regagner leur maison.
Un début de matinée haut en couleur que nous trouvons aussi très social.
Nous profitons de ces heures matinales où le soleil et les températures ne sont pas encore trop hauts pour visiter le coeur historique de la vieille ville.
Nous commençons par le musée du Palais Royal, dont les dernières réceptions se sont terminées en 1975. Depuis, rien n’a été touché ou bougé.
La demeure, construite en 1904 au début de la période coloniale française est un mélange d’architecture lao et française. Située au bord du Mékong, les invités arrivaient ainsi directement des bateaux à la résidence.
Les jardins sont des havres de paix. Ils abritent également un temple et le Théâtre Royal, actuellement fermé pour congé des artistes. Dommage!
A l’intérieur, nous parcourons, selon une organisation bien établie, les diverses salles (réception, trône, présents,etc…) pourvues de riches tentures, peintures murales, mosaïques et surtout quantité d’objets dont une collection grandiose de bouddhas. Les appartements de la dernière famille royale ont été laissés en l’état. Il règne une ambiance un peu particulière. Le portrait des derniers descendants manque à l’appel. Partis en exil, ou morts dans les champs selon une autre version, les laos racontent que leur fantôme hante les couloirs du palais. Histoire populaire que l’on oublie vite, une fois dehors, éblouis par le marbre des escaliers et la chaleur montante.
Nous nous laissons aller ensuite à quelques flâneries, au bord du Mékong ou dans les ruelles adjacentes.
Celles-ci recélent de véritables trésors d’architecture que sont les maisons coloniales. Des demeures d’époque élégantes, voire fastueuses datant du début XXe.
C’est d’ailleurs ce qui en fait son charme et emporte facilement l’esprit au temps de l’Indochine. On se prend à rêver, avec une certaine nostalgie, en regardant ces maisons aux persiennes bien souvent fermées et aux toîts magnifiques que l’humidité ambiante abîme un peu plus chaque année.
Ces rues construites selon un plan typiquement français nous fascinent, avouons-le. Luang Prabang saura-t-elle garder son classement dans les années à venir?
Les investisseurs chinois et thaïlandais envahissent petit à petit la place, pas forcément conscients ni désireux de préserver ce patrimoine exceptionnel.
Nous poursuivons notre parcours dit “historique” et tombons nez à nez sur la vieille école maternelle française.
Dommage, elle est plutôt en mauvais état mais cela n’empêche pas nos esprits de repartir une nouvelle fois en arrière.
Nous sommes vraiment charmés par la ville.
Mais Luang Prabang ne serait pas sans évoquer ces nombreux temples. L’ancienne capitale, devenue simple cité au XVIe siècle, doit aussi sa beauté grâce à ses innombrables vats, la plupart étincelants. Nous en sélectionnons quelques uns, parmi lesquels le vat Mai (“Suwannaphumaham” pour être complet mais c’est un peu long, n’est ce pas?).
L’un des temples (début XIXe) les plus typiques de l’architecture religieuse de Luang Prabang.
Piliers et reliefs muraux sont ornés de peintures et sculptures de feuilles d’or, magnifique temple quoique un tantinet chargé!
Nous retenons surtout les différents toîts, au nombre de cinq, vraiment majestueux.
Pratiquement en face, le Phu Si, un temple construit sur les hauteurs d’une colline. 370 marches plus tard, nous arrivons, dégoulinants de sueur, au sommet. Le temple n’est franchement pas des plus intéressants, son prix d’entrée non plus!
Mais la vue sur la ville y est splendide. Ouf, ça valait le coup d’y entrer!
Tout autour du temple, des sentiers permettent de se balader au milieu d’arbres et de fleurs. Nous en profitons pour faire une pause à l’ombre avant de repartir tout au bout de la ville, là où nous trouvons notre vat préféré: le Xieng Thong.
Il reçoit, toute nomination confondue, le Prix de l’authenticité, constitué par Yann et Géraldine évidemment. Construit en 1560, il fut l’un des deux seuls vats épargnés pendant le sac de la cité, fin XIXe.
Outre son architecture, il abrite à l’intérieur de multiples peintures dorées décrivant des scènes de vie quotidienne ou des exploits de rois.
De nombreux bouddhas d’époque et des tapisseries exceptionnelles complétent le décor.
A l’extérieur, des urnes funéraires renferment les cendres des membres de la famille royale. Son air un peu décrépi lui va comme un gant.
La découverte des trésors architecturaux de la ville se termine pour laisser place à d’autres surprises; celle par exemple d’une belle initiative: Big Brother Mouse, créée par un éditeur américain à la retraite.
Il s’agit d’un magasin de livres permettant aux touristes de passage d’acheter des livres pour enfants, le plus souvent des contes ou des illustrations, et de les déposer dans un grand carton.
Des étudiants ou bénévoles iront ensuite dans les villages donner les livres aux enfants. Une manière de favoriser l’alphabétisation dans un pays où l’éducation reste faible, voire inexistante. Soulignons encore que l’idée est également plus bénéfique aux enfants que la distribution de bonbons…
Les livres sont, quand à eux, réalisés par des locaux. On aime!
Marchés
Vous le savez peut-être à présent… Ce que l’on apprécie en voyage, c’est l’exploration des marchés, là où pour nous se respire bien souvent l’âme d’un pays. En Asie, nous sommes gâtés!
A Luang Prabang, trois marchés fort différents s’installent au cours de la journée.
D’abord celui, très matinal, des produits frais.
Peut-être pas le plus beau marché d’Asie mais sa configuration, tout en longueur, et ses maigres étals, lui donnent un aspect pittoresque.
Légumes, poissons, grenouilles,… sans oublier les stands de baguettes, souvenir français, et les vendeuses de gaufres!
Celles-ci ressemblent d’ailleurs aux gaufres de nos amis belges, les goûteuses Waffel. En un peu plus gras peut-être!
Et bien sûr les “biscuits” très recherchés que sont les insectes grillées au goût de piment et d’ail.
Mais on est toujours pas très fans.
Le deuxième marché, hmong, s’installe dès 17H00, dans la rue principale. Artisanal celui-ci.
Coupé à tout circulation, les stands de mille couleurs s’étendent sur près d’un kilomètre. Une attraction touristique majeure proposant toute sorte de produits locaux.
Un vrai plaisir tant pour les yeux que pour l’ambiance, très tranquille, souriante et sans aucun harcèlement.
Foulards ou tissus en soie, tentures murales, vêtements, lampes en bambou, objets d’antiquité et bien d’autres, il est à voir et à revoir.
Enfin, le marché que nous baptisons “Rue des gourmets”. Chaque soir, nous prenons du plaisir à parcourir les allées occupées cette fois par des stands de grillades, gargottes de légumes et fruits frais.
Brochettes de poulet ou saucisses, barquettes de légumes et jus de fruits pressés en main, pour trois fois rien, nous repartons dans notre “petit chez nous”, un lieu prêté par Gilles et Yannick, propriétaires de trois restaurants dont le fameux “L’Eléphant”, haut lieu de la cuisine française mais aussi lao.
En plus de leur hospitalité, Gilles et Yannick nous font découvrir une cuisine lao traditionnelle absolument savoureuse où se mêlent des notes de citronnelle, piment, racines, herbes, …
Un régal tant pour la vue, l’odorat que le goût.
Merci à vous!
Départ
5H30 du matin. Nous quittons Luang Prabang sous quelques gouttes de pluie. Tant mieux, le moteur d’Hachille va pouvoir ronronner sur la route du retour, direction Vientiane.
Si nous faisons de nouveau le yo-yo en sens inverse, Hachille résiste bravement. A 13H00, nous avons parcouru plus de la moitié du chemin. Nous en profitons pour marquer une pause et savourer aussi les merveilleux paysages traversés.
Cette fois, nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour immortaliser Hachille au milieu des villages hmongs ou des plateaux verdoyants. Les enfants nous rendent visite à maintes reprises.
Malicieux, ils le sont! Que de beaux visages avons-nous rencontrés une nouvelle fois durant ce trajet!
Onze heures plus tard, nous terminons les 360 km reliant Luang Prabang à Vientiane.
Epuisés mais heureux de ce petit “exploit”.
Notre retour dans la capitale signifie donc notre départ du Laos mais également la possibilité de dire au revoir à Thierry, Elsa, et ceux que nous avons sympathiquement croisés. Un dernier dîner, une dernière soirée dont non des moindres. Une sortie au Soksaï Stadium pour assister à un match de boxe thaï, comme vous pouvez l’apercevoir dans notre vidéo…
Puis une sortie dans un bar branché de la capitale, la version Michou laotienne. Etonnant endroit où se cotoie une population hétéro et homo. Nous assistons à un spectacle de “Ladyboy”, ces hommes devenus femmes.
Au Laos, ils peuvent être importants. Dans certaines familles, avoir une “catoy” est considéré comme un véritable porte-bonheur. Qu’il en soit ainsi…
Un mois s’est écoulé au Laos, sans heurt ni incident, à l’image du pays. Cette nouvelle étape, dans ce voyage si riche, nous permet de continuer notre périple reposés et sereins. Trente kilomètres nous séparent de la frontière thaïlandaise. L’tinéraire est pour le moment incertain. Bien que des noms comme Sukhothaï, Chang Mai et Chang Rai occupent les devants de la scène… Mais cela est bien sûr une autre histoire…