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Etape 2  |  Un air de vacances

04 mai 2009
En repensant à cette semaine écoulée, un mot vient à l’esprit: Détente! Hachille n’a pas parcouru un seul kilomètre. Quant à ses occupants, c’est en scooter ou à pied que nous nous sommes déplacés, au gré des visites des monuments de Vientiane, des invitations répétées, et des rencontres avec locaux et voyageurs. Nous avons définitivement pris le rythme des laos, un peuple à la douceur de vivre exemplaire. Dans une chaleur étouffante, prémisse de la mousson, nos journées s’écoulent tranquillement, de ventilateur en ventilateur, et de lieu climatisé en lieu climatisé.

Toc toc tuk tuk
Petite devinette pour commencer…
A quoi sert un tuk-tuk garé dans la rue principale de Vientiane entre midi et quatorze heure?



Dans toute capitale grouillante, la réponse serait bien évidemment: à ramener par exemple les hommes d’affaires au bureau, à déposer les touristes au restaurant, ou encore à se faire héler plusieurs fois par les locaux pour peu qu’ils soient un tantinet pressés …



Oui mais Vientiane n’est pas une capitale comme les autres! Les hommes d’affaires se déplacent en 4x4 climatisé, les touristes à pied ou à vélo au vu de la taille de la ville, et les pressés... et bien il n’y en a pas!
Un tuk-tuk garé rue Pangkham ne sert ici qu’à son propriétaire à faire une confortable sieste à l’ombre!



La ville respire un petit parfum d’Afrique amusant.


Torpeur, quand tu nous tiens!
Il faut attendre une heure avancée de l’après-midi pour que la ville se réveille à nouveau. Il faut dire que depuis quelques jours une chaleur accablante s’abat sur le Laos. Le thermomètre dépasse allègrement les 40°C et la sensation d’étouffer anéantit toute envie d’excursion. Nous restons donc des journées entières à l’ombre du petit bungalow gentiment prêté par Thierry.



Nous profitons de notre chambre climatisée avec toilettes et douches. Un luxe que nous ne connaissions plus depuis longtemps. Ce retour momentané à la vie sédentaire sonne comme des vacances dans notre quotidien sur la route. Plus d’eau à quémander, de toilettes à vider, de bivouac à négocier, de niveau d’huile à vérifier, d’itinéraire à tracer, etc ... Nous avons tout le temps... de ne rien faire! Au bout de quelques jours, le personnel de la station service où nous campons nous est devenu familier et nous faisons à présent parti du décor. Les jardiniers nous offrent mangues et noix de coco, nous proposent de partager leurs repas et nous gratifient d’un “Sabaidii!” chaque fois que nous les croisons.



Fort heureusement, quelques orages rafraîchissent de temps à autre l’atmosphère. Sur notre petite moto de location à 5 dollars la journée, nous prenons alors le frais. Comme les locaux, nous roulons en direction du centre ville.




Semaine gastrononique
Au bord du Mékong, gargottes et paillotes proposent grillades et boissons à des tarifs presque européens.



Nous préférons les petites cantines de rue où nous finissons nos journées.



Dans une fumée toute bénéfique pour empêcher la prolifération des moustiques, les cuisinières font griller cuisses de poulet, saucisses, brochettes, le tout accompagné de riz gluant ou de nouilles sautées.



Le principe est simple.



On fait son marché de plats préparés, on trouve une table libre et on déguste avec les locaux ces mets délicieux.



Mais n’abusons pas des bonnes choses. De plus, le coût de la vie est exactement ici le double de celui du Vietnam. Notre budget de voyageur apprécie moyennement les sorties resto qui ponctuent actuellement nos soirées. Mais on est en vacances! Et ces moments sont aussi l’occasion de rencontres forts sympathiques. Ainsi, nous avons passé beaucoup de temps avec Elsa.



Luxembougeoise expatriée dans la capitale laotienne depuis trois ans, Elsa travaille pour les services “crimes et drogues” des Nations Unies.



Son action sur le terrain la mène auprès des villages du nord du Laos. Objectif: diminuer la culture de l’opium dans le Triangle d’Or et trouver des substituts financiers comme le développement de l’artisanat. Aujourd’hui, Elsa reste davantage à Vientiane mais s’investit tout autant dans le développement et l’aide locale. Elle nous emmène au coeur de l’association Friends qui s’occupe des enfants des rues à l’étranger. A Vientiane, leur réinsertion passe notamment par une formation dans un restaurant, Makphet.



Une cuisine fusion lao extraordinaire!



Nos papilles ont été véritablement comblées de mille et une façons et nous ne saurons oubliés, en évoquant cette page “gastronomique”, Kim, belge d’origine coréenne, et ses dégoulinant sandwichs avec ses frites à l’intérieur comme à Bruxelles! Bernard, franco-lao, et ses pizzas quatre fromages, à nous rappeler le bon goût de chez nous! Nathalie, française, et ses steaks à faire rougir la plus goûtue des viandes argentines! Sans oublier une bonne BeerLao... sans laquelle une soirée laotienne ne serait pas. Eh oui, nous parlons encore de bonne chair mais ces soirées amicales nous ont permis de croiser la route ô combien passionnante de ces expatriés, locaux et voyageurs. Ces rencontres nous apprennent aussi davantage sur le Laos, ses coutumes, ses traditions, son développement, ses problèmes, et contribuent à aiguiser notre culture de voyageurs.
Non seulement nous avons fait des rencontres en ville mais nous avons aussi eu la visite d’autres voyageurs au long cours, ravis de partager, le temps d’une soirée, notre camping improvisé. Ce fut d’abord Eric et Michèle et leur 4x4 cellule, croisés en centre ville. www.bricerebsamen.com/voyages



Puis le lendemain, c’est Jean Jacques Faivrejj.blogspot.com
qui nous envoie un courriel annonçant sa venue. Accompagné de sa fille Caroline, Jean-Jacques voyage habituellement seul et à déjà traversé avec son vieux camping-car toute l’Europe de l’Est, Ouzbékistan, Kyrgizstan, Kazakhstan, Russie, Chine, Inde, Pakistan... chapeau Jean-Jacques !



Encore une fois, nous disons: “A bientôt sur les chemins du monde!”…


Patrimoine
Des temples à visiter au Laos, et bien sûr à Vientiane, il y en a beaucoup!
Nous ne saurions vous conter l’ensemble de leurs histoires, dans la mesure où nous ne les avons pas tous visités et surtout notre lettre de nouvelles ressemblerait à un exposé laborieux dont vos yeux et vos têtes se lasseraient rapidement. Tout comme nous d’ailleurs!
Pour faire court, nous vous proposons un petit aperçu de quelques unes de nos visites des monuments et temples qui nous ont séduit.
Forcément, il y a, dans ces découvertes, deux ou trois incontournables dont le fameux That Luang mesurant 45 m de hauteur.



Une institution laotienne symbolisant à la fois la religion bouddhique et la souveraineté lao! Sa construction repose sur un ancien monastère khmer débutée en 1566 avec le souverain Setthathirat, auteur du transfert de la capitale Luang Prabang à Vientiane. Détruit à de nombreuse reprises, le stupa actuel fut reconstruit au début du XXe siècle.



Sorte de pyramide d’or, démantelée lors de pillages siamois, reconstruite deux fois par les français (suite à des erreurs d’orientation), le Pha That Luang se visite selon certains principes bouddhistes. L’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur cette religion. D’abord marcher dans le sens des aiguilles d’une montre.
Trois niveaux le composent. La base représente le monde matériel.



Le second niveau, entouré de pétales de lotus, présentent 30 petits stupas symbolisant les 30 perfections bouddhiques allant de la charité à la sérénité.



Enfin, le troisième niveau, le stupa central, amène à la structure principale dont les finitions symbolisent la croissance d’une graine de lotus germant au fond d’un lac vaseux pour fleurir à la surface. Jolie métaphore signifiant le passage de l’ignorance à l’illumination. Nous en sommes loin!
Une visite passionnante qui nous séduit davantage quand nous y retournons le soir. Le Pha That Luang est en effet bien plus beau et plus magique de nuit que de jour.



A côté de ce monument se trouve l’Assemblée Nationale, une hérésie architecturale des années ’60.



La place attenante (immense) est le parterre officiel des défilés. C’est sur cette même place que se trouve évidemment le monument révolutionnaire, symbole du Parti Révolutionnaire populaire lao établi officiellement en 1975.



Actuel parti unique de la République démocratique populaire lao (RDPL).
Bien avant le triomphe du communisme, il existe à Vientiane ce que l’on appelle le Patuxaï, l’arc de Triomphe parisien version asiatique signifiant “porte”.



Edifié dans les années ’60, nous retenons surtout de la visite l’anecdote suivante: Le ciment financé par les américains était au départ destiné à la construction d’un nouvel aéroport. Le monument est en soi plutôt grossier.



Attention, n’y voyez aucun chauvinisme derrière! Des escaliers, dont la puanteur est indéfinissable, mènent à différents étages occupés par quantité d’échoppes touristiques.



Le sommet offre une vue générale sur Vientiane et sur notamment la fameuse avenue baptisée “les Champs Elysées de l’Est”.



Tout autour du Patuxai, l’ambiance lao est à son comble en fin de journée. Sympa. Un endroit où les sportifs cotoient les jeunes à mobylette. La fontaine musicale, financée par les chinois, est le lieu idéal pour se donner rendez-vous!
La longue avenue, toute propre et toute belle avec ses dizaines de lampadaires, relie le Patuxai au palais présidentiel, construit au début du XXe siècle durant la période coloniale.



Il abritait les quartiers du gouverneur du Laos. Moins imposant que celui de Hanoï, il témoigne pourtant d’une certaine richesse même si les allées et parcs semblent laissés un peu à l’abandon. Flegme laotien? Ici, nulle envie d’impressioner, c’est en tout cas ce qui se dégage de l’ambiance générale de la capitale et de ses monuments.
C’est en nous rendant vers le Vat Si Saket que nous découvrons, au milieu d’un petit rond-point, un stupa qui semble laissé à l’abandon.



Et pourtant, ce stupa, jadis couvert de couches d’or, fait partie du patrimoine laotien. De sa couleur dorée, nulle trace. Les siamois, encore et toujours, arrachèrent les feuilles d’or lors des pillages de 1828. Surnommé aujourd’hui “Stupa Noir”, le That Dam abrite en son sein un dragon à sept têtes, protecteur de la ville depuis l’invasion siamoise. Toujours endormi, mieux vaut peut-être ne pas laisser le dragon se réveiller une nouvelle fois…
Nous voici de nouveau dans les temples.
Le Vat Si Saket, le temple le plus ancien de Vientiane, notre préféré!



Malgré son âge (environ deux cents ans), et son manque de restauration, ce sanctuaire appelle à la méditation.



Un cloître entourant le sim (temple) abrite des milliers de représentations de Bouddha en bronze, argent, bois, porcelaine, et terre cuite datant du XVI au XIXe siècle.



L'intérieur du temple est décoré de peintures représentant les vies antérieures de Bouddha.
Extérieure à l’enceinte, une ancienne bibliothèque dont l’armoire, en laque rouge et noire renfermait autrefois les textes sacrés. Ceux-ci se trouvent à présent à Bangkok.
Un orage violent nous oblige à rester plus longtemps.



Protégés par le toît du cloître, nous observons les milliers de statues, impressionnés par leur beauté.



La pluie a cessé, rafraîchissant pour notre plus grand bonheur l’atmosphère. Nous poursuivons alors notre visite de Vientiane.
A quelques mètres de Si Saket, Haw Pha Keo, un ancien temple royal datant du XVIe siècle, reconverti aujourd’hui en musée national d’art sacré.



Détruit par les siamois en 1828 (excusez si l’histoire se répéte!), Pha Keo fut reconstruit selon le plan d’origine avec l’aide des français entre 1936 et 1942.



Entouré d’un jardin, ce lieu de culte, construit à la demande du roi Setthatirat, abrite le bouddha d’émeraude (“Pha Keo”), sculpté dans du jade.



Difficile au début de l’identifier au milieu des dizaines d’autres bouddhas, nous le trouvons avec l’aide d’un gardien.
Les dimensions de ce temple sont impressionnantes tout autant que les piliers et le sol en bois, sans oublier les immenses portes, les ornements et les peintures. Le long des corridors et à l’intérieur, de merveilleuses sculptures bouddhiques, la plupart réalisées en pierre, sont présentées.



Là encore, nous aimons regarder ces statues de pierre, vénérées par les fidèles, admirées par les simples visiteurs que nous sommes.
Enfin, nous terminons nos journées de visite par le vat Si Muang, le temple le plus populaire de Vientiane.



Recouvert de peintures dorées et de dessins rococo, c’est ici que l’esprit protecteur de la ville repose. Attention donc à ne pas le froisser!



Le bouddha géant assis, entouré de beaucoup d’autres, est vénéré par un grand nombre de fidèles. Chose curieuse, nous assistons à un rituel. Des hommes se succèdent pour soulever une statue de pierre usée par les ans et par les mains, trois fois de suite avant de se replonger dans une prière et laisser la place au suivant.



Cette statue a, dit-on, le pouvoir d’exaucer les prières. Si cela fonctionne, bananes, noix de coco, fleurs, encens et bougies lui sont alors offerts par la suite.
Malgré l’ambiance alentour, nous préférons les temples anciens aux temples actuels dont les artifices, peintures extravagantes, faux diamants et néons de couleurs effacent bien souvent le charme des lieux et le culte en lui même. A ce titre, nous ne visiterons que le Vat Si Muang.

Vientiane, vous l’aurez compris, n’aurait peut-être pas eu le même charme sans ces journées de repos et l’hospitalité de Thierry et sa femme, qui comble de tout, avant notre départ de la capitale, nous a fait faire un petit tour de la ville dans leur Traction Cabriolet d’avant-guerre.



Merci!
Pour connaître l’histoire de cette Traction, édition limitée, rendez-vous en kiosque dans le magazine Gazoline du mois de juillet prochain.



Notre temps au Laos est limité. Nous allons essayer d’utiliser les semaines restantes pour découvrir le nord, comme la célèbre cité historique Luang Prabang, la plaine des jarres et ses nombreux mystères, ou encore certaines réserves naturelles, là où par exemple les éléphants cohabitent avec les hommes… Mais ceci est bien sûr une toute autre histoire…