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Iguazu

Etape 12  |  Mission Iguazu

07 juillet 2008
Quitter notre compagnon de route nous a donné quelques pincements au coeur avouons-le mais cette première semaine sans lui fut largement compensée par les découvertes des Missions, l’une de nos dernières destinations en terre argentine.
Notre visite, dans cette région au climat tropical, aux couleurs incroyables, à la végétation touffue et aux animaux si singuliers, nous laissent encore aujourd’hui avec beaucoup d’émotions. Son histoire est aussi à la mesure de la magnificience de la nature.
Entre les visites des missions jésuites et les chutes d’Iguazu, les centres d’intérêt sont nombreux mais l’horloge du temps s’écoule très rapidement!


Vos papiers!
Nous avons quitté Tigre il y a quelques jours pour rejoindre la province des Missions via la route 14 (la plus directe), à bord d’une voiture de location, sans charme évidemment mais ayant le mérite de rouler beaucoup plus vite! Ce qui en effet, au vu du temps qui nous est imparti, est un avantage certain. Seulement voilà, les étrangers, même immatriculés en Argentine, sont les larges bénéficiaires d’un système policier corrompu. A peine 300 km effectués, nous sommes priés de nous garer sur le bas-côté pour vérification des papiers et contrôle des équipements de sécurité.
Premier barrage: L’extincteur n’est soi-disant pas aux normes. Sur deux triangles de sécurité, il en manque un. La barre de traction en cas de panne est absente. Et notre vitesse est largement supérieure à la moyenne autorisée. Coût total de l’amende: 1400 pesos (soit un peu plus de 300 euros), mais celle-ci passe à 500 pesos si l’on paye tout de suite en cash! Yann tente d’expliquer que c’est une voiture louée et argumente avec le policier têtu. Peine perdue! Yann refuse de discuter davantage avec lui et demande à voir le chef en charge des opérations. Une heure plus tard, après négociations, nous repartons sans rien avoir payé!
Cent kilomètres plus loin, nouvel arrêt! Les équipements de sécurité sont aux normes mais les papiers de la voiture ne sont pas réglementaires. Nouvelle discussion d’une heure avec cette fois une équipe un peu moins obstinée. Nous repartons sans frais!
Sur les 1000 km parcourus pour arriver à Posadas, la capitale des Missions, nous avons croisé une quinzaine de barrages de gendarmerie et police et un certain nombre de véhicules argentins très endommagés (inutilisables en Europe) mais sans jamais être arrêtés. Bizarre!...

Missions
Notre arrivée dans la province des Missions fut une surprise. D’abord en raison du climat chaud et très humide. Nous quittons ainsi après plusieurs mois de froid, pulls et bonnets! Quant aux paysages, ce n’est qu’une succession de forêts très denses et de villages où la terre rouge et grasse recouvre les habitations, les rues, voire les gens. Encore une autre Argentine!



Malgré le retour des moustiques et autres insectes, nous nous délectons de cette région, très prisée d’ailleurs par beaucoup de touristes.
Nous avons ainsi profité de la route entre Posadas et Iguazu pour visiter deux des missions jésuites les mieux conservées.
Pour faire court côté histoire… Ces missions  (ou reducciones, signifiant conversions) sont nées au début du XVIIème siècle avec la venue des jésuites.



Objectif des pères: éduquer et convertir au christianisme le peuple guarani. Leurs conditions de vie sont déplorables. Ceux-ci sont en effet réduis en esclaves en raison d’une règle baptisée “service personnel”, imposée par les colons espagnols et portugais.
Après plusieurs années, les jésuites font abolir cette loi et deviennent administrateurs du territoire. Malgré quelques réticences indiennes, la majorité des guaranis se convertit. Commençe alors la construction de missions avec une période faste entre 1700 et 1750 où, selon les écrits de l’époque, plus d’une cinquantaine de missions furent bâties, regroupant alors 90 000 personnes sur le territoire argentin, brésilien et paraguayen.



Trente missions ont été à ce jour retrouvées.
En pleine forêt, nous découvrons Santa Ana, mission créée en 1637 et actuellement en cours de restauration.



Nous avons eu du mal à nous repérer et comprendre l’endroit mais la végétation envahissant ou avalant les pierres confère au lieu une part de mystère.



Nous sommes restés longtemps au milieu de ces ruines, de ce silence, en tentant d’imaginer ce lieu chargé de vie mais aussi de douleurs passées et qui posent toujours beaucoup de questions sans forcément apporter de réponses précises.



Sa restauration est un travail de mémoire, qui devrait toutefois prendre du temps.
Vingt kilomètres plus au nord, nous arrivons dans la plus grande des missions argentines: San Ignacio, déclarée Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1984.



A l’entrée, une maquette au proportion du site à son apogée et un musée présentent la mission et expliquent son fonctionnement. Régie par un système communautaire autonome, une partie de la production agricole était donnée aux familles, l’autre moitié destinée à l’église pour les constructions, frais de gestion et l’éducation.


 
C’est à San Ignacio que furent aussi imprimés les premiers livres en Argentine.
Les ruines, restaurées en 1940, sont magnifiques et permettent de réaliser l’étendue du domaine. On y trouve un monastère, des cuisines, un dispensaire, un cimetière, des logements, ateliers de travail, et même un potager.
Quand à la cathédrale, le portail à colonnades représente un travail titanesque de par ses dimensions et ses sculptures, oeuvres des artisans guaranis.


 
Dans cette mission, y vécurent plus de 4000 indiens jusqu’en 1817, date à laquelle les paraguayens la détruisirent. Esclaves, convertis, puis finalement massacrés, là-encore cela nous laisse penseurs.


 
La communauté guarani existe encore aujourd’hui mais on pourrait parler de survie plus que de vie!

H. Quiroga
A un kilomètre au sud de San Ignacio se trouve la maison de l’écrivain Horacio Quiroga, l’un des plus grands auteurs de nouvelles d’Amérique du Sud selon les récits de voyage ou les guides. Nous sommes allés visiter son lieu de vie et avons rencontré une ambiance particulière, empreinte de nostalgie.



A quelques mètres du rio Parana, abritées par les bambous et les palmiers, ses deux maisons (dont la première en bois fut détruite dans un incendie et reconstruite pour les besoins d’un film) présentent l’homme qu’il était.



Tour à tour explorateur, journaliste, noveliste, les photos en noir et blanc, les écrits, la machine à écrire des années ’20, les collections d’insectes, etc…tout respire à la fois l’aventure et le drame de sa vie.



Ses parents, sa première femme et ses deux fils se sont suicidés. Ce qu’il fit également en 1937 en apprenant son cancer.


Piège
Sur le chemin menant aux chutes d’Iguazu, notre attention est attirée par une énorme pancarte: “Visitez La Aripuca”. Il s’agit d’une attraction de la région. Nous nous y arrêtons cependant.



La Aripuca, c’est d’abord le nom donné par les indiens guaranis à un piège pour animaux.
C’est ensuite un monument géant représentant ce piège avec des arbres morts récupérés par une association tentant de préserver les forêts. L’entrée tout comme le monument sont réalisés à partir d’arbres millénaires.



Une visite pour la moins étonnante qui donne à réfléchir sur la façon de recycler de vieux arbres détruits par la main sauvage de l’homme ou par des tempêtes, des champignons, des termites et autres dangers de la nature…

Que d’eau!
Point d’orgue de notre passage dans la région des Missions: les chutes d’Iguazu. Nous les avons explorées pendant trois jours côté argentin et brésilien, passant de passerelles en passerelles pour admirer presque trois cents cascades. Les plus grandes mesurent 72 m de hauteur.



En comparaison, les chutes du Niagara atteignent 47 m.
Pas besoin de s’acheter un brumisateur pour se rafraîchir. Les chutes s’en chargent!



Véritable oeuvre de la nature, nous avons été fascinés autant par les minces filets d’eau coulant en pleine végétation que les cascades bouillonnantes dont le grondement et la force nous font oublier qui nous sommes.



Vous pourrez peut-être vous mêmes le ressentir par le biais de notre vidéo…
En dépit de la très grande organisation du parc, il suffit de se balader des heures durant pour oublier le remue-ménage touristique.
Malgré l’épaisseur des forêts, nous avons aperçu des oiseaux, des cochons d’inde et des coatis.



Ces derniers vivent en colonie et ne sont guère sauvages. Peut-être la faute au visiteur qui, malgré les panneaux d’interdictions, ne peuvent s’empêcher de les nourrir.



Pour autant, leur venue à l’improviste lors de notre pique-nique nous a donné tout le loisir de les observer.
 

Parc ornithologique
Nous vous avions laissé entendre que Géraldine souhaitait vraiment voir de près des toucans. Ils sont présents au sein du parc d’Iguazu.



Malheureusement, nous n’avons pas pu les apercevoir. Qu’à cela ne tienne! Côté brésilien, un parc ornithologique regroupe les plus beaux spécimens d’oiseaux, y compris les toucans (il existe 37 espèces à l’heure actuelle réparties sur une bonne moitié du territoire sud américain).



Une balade de quatre durant nous a permis de les approcher directement dans les volières. De près, les couleurs du bec, leur longueur, leurs plumes et leurs yeux sont extrèmement surprenants et fantastiques à voir.



Comblée, Géraldine l’a été! Sans compter les perroquets, perruches et autres oiseaux vivant dans le parc.

Nous serions restés bien volontiers davantage dans cette partie de l’Argentine mais dans un peu moins d’une semaine, nous devons retrouver Hachille et commencer les démarches administratives pour embarquer sur le Cargo Sao Paolo. Mais avant de rejoindre Buenos Aires, nous allons traverser l’Uruguay, un autre pays, une autre histoire…